Tout en appelant à l'annulation du scrutin du 12 décembre, la Ligue appelle les autorités à respecter la volonté du peuple. L'élection présidentielle du 12 décembre est "un coup de force" qui ne fera que "prolonger la crise", a estimé la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh), aile Hocine Zehouane, qui a toutefois exhorté le peuple algérien à tenir le cap de "la voie pacifique"."À quelques jours de la date de l'élection présidentielle prévue pour le 12 décembre, le pouvoir semble décidé à maintenir son coup de force, au risque de se dresser face au peuple qui, heureusement, reste pacifique et s'accroche encore à ce choix. Cette élection massivement rejetée par le peuple algérien, dans toutes les wilayas du pays à la 42e marche, est loin d'être la solution. Elle va encore approfondir le fossé et prolonger la crise", a indiqué la Laddh dans un communiqué signé par son vice-président, Saïd Salhi, et rendu public hier à l'occasion de la Journée mondiale des droits humains, qui a rappelé avoir déjà plaidé pour son annulation. C'est pourquoi elle a invité le gouvernement à "respecter la volonté du peuple" et à "lui garantir l'exercice de ses droits politiques et civiques, notamment en matière de libertés publiques et démocratiques, de manifestations pacifiques, d'expression, de réunion et d'organisation". Si elle est opposée à la présidentielle, la Laddh rejette tout recours à la violence, en appelant le peuple algérien à "demeurer dans la stricte voie pacifique" et à "rester vigilant, uni et solidaire". Pour elle, la journée du 12 décembre ne doit pas être "une finalité" car nous sommes face à "un vrai processus révolutionnaire qui recommande beaucoup de patience, de convictions et d'endurance". La Laddh a, par ailleurs, rappelé son positionnement dès le 22 février "aux côtés de ce mouvement" qui "a mis la question des droits humains au centre de son combat" et "en faveur de ses revendications légitimes". "En tant qu'organisation autonome de défense des droits de l'Homme, elle n'a ménagé aucun effort pour rappeler le droit, dénoncer les violations des droits humains, défendre aux côtés des avocats les victimes de l'arbitraire, alerter et interpeller le gouvernement, notamment le pouvoir réel sur les enjeux et dangers qui peuvent découler de ses options", a soutenu la Laddh avant d'ajouter : "La Laddh a participé à toutes les initiatives de la société civile, aux côtés d'autres acteurs, pour rapprocher les opinions en vue d'aller vers une solution politique consensuelle, vers une transition démocratique, pacifique et négociée, seule option à même de sauvegarder la cohésion du peuple, de la nation, la paix et la stabilité dans le pays." Et à la Laddh de porter au pinacle la résilience du hirak qui "entame le dixième mois avec une détermination sans faille pour le changement et la construction de l'Etat de droit" tout en résistant encore à "toutes les tentations répressives du gouvernement". "Ni les restrictions des libertés ni le harcèlement des activistes et les arrestations arbitraires n'ont pu venir à bout de ce grand espoir et cette quête profonde du peuple algérien pour le changement", s'est-elle félicitée. Et à l'occasion de la célébration du 71e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, l'organisation de Hocine Zehouane a dressé un tableau noir de la situation des droits humains en Algérie, en faisant ressortir toutes les atteintes à la liberté de culte, à la liberté d'expression, aux droits civils et politiques, à l'intégrité physique des militants, à l'indépendance de la justice, etc.