Les dernières arrestations de personnalités comme Karim Tabbou et de militants de l'association RAJ n'ont pas laissé indifférente la Ligue algérienne de la défense des droits de l'Homme (Laddh), aile Hocine Zahouane, qui, dans un communiqué rendu public jeudi 26 et signé par son vice-président Saïd Salhi, a pointé du doigt une "escalade dangereuse dans la répression du mouvement pacifique". "Des arrestations arbitraires et ciblées ont eu lieu aujourd'hui à Alger ; elles ont touché des militants politiques et de la société civile. Il s'agit de la nouvelle arrestation, chez lui, de Karim Tabbou alors qu'il avait été mis en liberté provisoire hier soir par un tribunal indépendant et de celle des deux militants de l'association RAJ Karim Boutata et Ahcène Kadi, arrêtés séparément dans des cafés à Alger-Centre", a-t-elle indiqué. Pour la Laddh, "ces nouvelles arrestations arbitraires, car contraires aux garanties légales et aux droits des citoyens, suscitent beaucoup de questions et d'inquiétudes". Et de s'interroger : "Qui a ordonné ces arrestations, quelle est la partie qui les a exécutées, quels sont les lieux de détention des prévenus ?" "Aucune information n'a été donnée jusqu'à présent, ni à leur famille ni aux avocats ou aux amis", a-t-elle déploré. Après avoir exprimé sa "pleine solidarité avec les prévenus", la Laddh a appelé à leur "libération inconditionnelle" mais aussi à "l'ouverture du champ politique et médiatique", tout en réitérant "sa demande de mesures d'apaisement". Bien plus, la Laddh a tenu à rappeler au gouvernement "ses obligations en matière de respect du droit interne, des instruments internationaux des droits humains contenus dans les conventions ratifiées par l'Algérie", mais surtout appelé "le pouvoir, à sa tête le pouvoir réel, à la clairvoyance et à la retenue face à un mouvement populaire patriotique et résolument pacifique". Pour la Laddh, "tout recours à la répression et à la contrainte est injustifié" et "l'imposition par la force de l'élection présidentielle contre la volonté du peuple exprimée majoritairement par le hirak chaque vendredi ne fera qu'exacerber les tensions et exposer le pays aux risques d'instabilité et menaces d'atteinte à la cohésion nationale et à la paix civile". Estimant que l'élection présidentielle est "dangereuse pour le pays", la Laddh réclame son "annulation" ainsi que "l'ouverture d'une négociation directe en vue d'une solution politique consensuelle et apaisée vers la nouvelle république démocratique sociale et civile". Un appel est aussi lancé par la Laddh à la population algérienne pour "préserver son expression unitaire et poursuivre son mouvement dans le strict cadre pacifique et patriotique, deux acquis qui ont scellé l'unité nationale et ont sauvé le pays de toute dérive".