Cinq organisations de défense des droits de l'Homme ont appelé les autorités à consacrer le respect des libertés fondamentales en Algérie, exigeant la libération immédiate de tous les militants, blogueurs et autres personnes emprisonnés pour avoir exprimé une opinion. L'appel signé par la section Algérie d'Amnesty international (AI), la Ligue de défense des droits de l'homme (LADH), les deux ailes (Zehouane et Benissad) de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH) ainsi que le bureau d'Oran de cette dernière, a été rendu public, hier, lors d'une conférence organisée au siège d'AI à l'occasion de la célébration du 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH). Les ONG ont exprimé leur «inquiétude» quant à ce qu'elles qualifient de «violations des droits à la liberté d'expression, d'association, de manifestation pacifique et au libre exercice du droit syndical», et ce, «en dépit des garanties constitutionnelles concernant ces droits». Les exemples ne manquent pas. Le document fait état de «harcèlement et arrestations arbitraires de militants associatifs, de blogueurs et de journalistes», de «répression et interdiction de manifestations pacifiques à Alger et dans d'autres wilayas», outre les «interdictions ou restrictions imposées à un certain nombre d'associations». Il y a aussi le «refus d'enregistrement des organisations syndicales et le licenciement de syndicalistes». Le texte de l'appel comprend sept revendications qui tournent autour des libertés fondamentales garanties par la Constitution. Ainsi, les cinq ONG demandent de «libérer immédiatement et sans condition toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé pacifiquement leurs droits à la liberté d'expression», de «réviser les dispositions qui érigent en infraction le droit à la liberté d'expression» et de «modifier les textes qui érigent en infraction le droit à la liberté de réunion, notamment les articles 97 et 98 du Code pénal». D'autre part, les organisations appellent les autorités à «modifier les articles 15, 17, 19 et 23 de la Loi n° 89-28 relative aux réunions et manifestations publiques» et à «réviser dans les meilleurs délais la Loi n° 12-06 relative aux associations pour une mise en conformité aux normes internationales applicables en matière de droits humains». Sur ce dernier point, Saïd Salhi, vice-président de la LADDH (aile Zehouane), a dénoncé «le refus» du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales de «donner suite aux dossiers déposés par bon nombre d'associations». «Après l'élaboration de la nouvelle loi 12-06 en 2012, nous avons tous déposé des dossiers de mise en conformité comme il a été exigé de nous. Malheureusement, à ce jour, aucune association n'a reçu de récépissé. Ce qui est un déni de droit», déplore-t-il. Salhi estime que l'Algérie a «régressé» en la matière, car dans l'ancienne loi 90-31 de 1990, «nous étions soumis à un régime déclaratif seulement». De son côté, Mokhtar Bensaid, président de la LADH, a regretté «un double langage» chez les autorités, notamment le département de Noureddine Bedoui. «D'une part, une Constitution qui garantit les marches et réunions, d'autre part une loi qui interdit les manifestations», a-t-il déclaré, dénonçant l'interdiction faite à son organisation le 6 décembre dernier par l'administration locale de la wilaya de Biskra, à tenir une réunion. L'appel des ONG, explique Hassina Ousseddik, directrice d'AI Algérie, intervient au moment où on connaît une «régression» en matière de respect du travail des défenseurs des droits humain. A travers le texte, «nous réaffirmons notre foi à promouvoir et à protéger les libertés et les droits humains dans un environnement favorable», a-t-elle soutenu. Raison pour laquelle les ONG réclament enfin «le renforcement de la légitimité et la reconnaissance» des défenseurs des droits humains, journalistes, avocats, militants associatifs et syndicaux.