L'annonce de l'élection de Tebboune à la présidence de la République n'a pas découragé la population de la wilaya de Tizi Ouzou, qui a déferlé, hier, tel un tsunami, sur la ville des Genêts pour dénoncer ce qu'elle continue de qualifier de "mascarade électorale", réaffirmer le caractère pacifique de la révolution, malgré l'émeute de la veille, démontrer son refus de s'inscrire dans l'agenda du pouvoir qui s'est arrêté le 12 décembre et, surtout, signer l'acte du début de la saison II de la révolution populaire. En nombre, la 43e manifestation d'hier n'était pas du tout différente de celles du 1er novembre, du 5 juillet ou encore de celles du début de la révolution, puisque l'itinéraire habituel de la marche était encore une fois noir de monde depuis le campus Hasnaoua de l'université Mouloud-Mammeri, jusqu'au monument des Martyrs, appelé communément la Bougie. Dans la foule, il y avait, hier encore, autant d'hommes que de femmes, de manifestants venus seuls ou en famille, de vieux que d'enfants venus scander à l'unisson des slogans dénonçant le coup de force électoral opéré par le pouvoir contre la volonté du peuple. Le pacifisme a vite repris le dessus et la violence inouïe qui a marqué la journée de l'élection est, ainsi, vite reléguée au rang de mauvais souvenirs. En termes de qualité, le génie populaire a encore parlé, hier, à Tizi Ouzou, et il s'est décliné notamment à travers l'adaptation aussi rapide qu'efficace des slogans scandés et portés sur les banderoles et les pancartes brandies par les manifestants. Ces derniers s'en sont pris à la fois au scrutin lui-même, ainsi qu'au nouveau président choisi par le pouvoir. "Ma votinach, ya Tebboune ma tmethelnach", qui signifie "Nous n'avons pas voté, Tebboune ne nous représente pas", a été le nouveau slogan prédominant dans la manifestation d'hier. Sur de nombreuses banderoles et pancartes, on pouvait lire entre autres : "Cette élection d'el-îssaba est illégitime, illégale, truquée et nulle ! Le peuple la rejette", "Tebboune dégage", "Non au coup d'Etat à la volonté populaire, non au recours à la violence contre le peuple pacifique et non à l'élection illégitime", ou encore "L'Algérie en péril porte en elle un président issu d'un viol politique, son pronostic vital est engagé. L'Algérie libre exige son avortement immédiat. Non au coup de force électoral". Sur d'autres pancartes, on pouvait également lire des messages qui laissent comprendre la détermination des manifestants à poursuivre le combat jusqu'au changement radical de système. "Le hirak ne s'arrêtera pas : à suivre…", ou encore "Hirak saison II. Le début !", "Le 12/12 est une catastrophe nationale, c'est maintenant que la vraie révolution commence", "Le peuple ne rentrera pas chez lui jusqu'à l'obtention de l'indépendance de l'Algérie". Samir LESLOUS