Pour le 39e acte de la révolution populaire, la diaspora algérienne au Canada a précédé, samedi, le rassemblement devant le consulat général d'Algérie à Montréal par une caravane motorisée dans les rues de la métropole québécoise. Le cortège organisé la veille de l'ouverture de la campagne électorale s'est ébranlé du marché Bononza, très fréquenté par les communautés immigrantes, pour traverser la rue Jean-Talon où beaucoup de commerces maghrébins sont installés. En tête du cortège, l'on pouvait observer un camion à écran sur lequel défilent les portraits des détenus d'opinion. L'emblème national et le drapeau amazigh sont également déployés. Arrivés sur le lieu du rassemblement, les manifestants scandaient les habituels slogans du hirak, concentrés sur le rejet de la "mascarade électorale" du 12 décembre. "Pas d'élection avec la bande", "Ulac l'vote ulac", "Système dégage", scandent-ils à tue-tête, se disant toujours mobilisés malgré le froid hivernal qui commence précocement cette année. La sonorisation amplifiait les chants patriotiques et autres chansons engagées du hirak, repris en chœur par les manifestants. Le Speakers' Corner, une sorte d'agora citoyenne, abrite des débats dignes des parlements démocratiques. Des débats qu'on ne risque pas d'entendre, par exemple, à l'Assemblée nationale, mobilisée par le pouvoir pour voter des lois antinationales. Outre les perspectives du hirak, des propositions concrètes ont été avancées pour contrer le scrutin présidentiel "rejeté par le peuple moins les cachiristes", pour reprendre une boutade d'un manifestant. Avant la fin de la manifestation, un animateur du hirak a lu une lettre adressée au consul algérien à qui il est rappelé que l'élection n'aura pas lieu à Montréal, puisque le peuple en a décidé ainsi. La lettre est accompagnée de signatures. Cette pétition est ouverte à toutes celles et à tous ceux qui rejettent l'élection présidentielle et revendiquent le départ du système. Des vigies seront installées devant le consulat lors du vote, a-t-on appris. Par ailleurs, un sit-in de dénonciation a été observé, samedi, devant le siège montréalais de la multinationale française Total. "Non au gaz de schiste en Algérie", pouvait-on lire sur une large banderole noire accrochée devant le portail du géant pétrolier. Les manifestants ont brandi des pancartes portant des slogans anti-pouvoir. "Algérie, gouvernement et Parlement illégitimes", "Non à la loi sur les hydrocarbures", "Notre terre n'est pas à vendre", "Le peuple algérien refuse le bradage de ses ressources" : tels sont les slogans écrits sur les pancartes brandies par les manifestants, dont c'est la première action de rue devant Total. Hier, la même action devait être rééditée après la manifestation dominicale sur la place du Canada. De Montréal : Yahia arkat