Jeudi, quatrième jour de l'important ratissage, lancé lundi dernier dans les monts de l'Edough de Annaba, les forces sécuritaires combinées, appuyées par les tirs nourris de la Marine nationale, des chasseurs “Mig-29” et des hélicoptères de combat, ont réussi à récupérer les villages de Aïn Barbar et Romanat, situés sur le flanc côtier nord à une vingtaine de kilomètres du village touristique de Seraïdi, 900 mètres d'altitude sur les hauteurs de la ville de Annaba. Les habitants de ces deux villages, qui ont rejeté l'idéologie obscurantiste, ont été forcés un certain 17 septembre 2003 à l'exode par les sanguinaires intégristes. Deux jours, rappelle-t-on, après un ultimatum d'une semaine donné par les groupuscules de l'ex-FIS dissous, et sous la pression de l'insécurité, plus de 160 familles ont quitté ces deux villages en catastrophe pour s'installer de force dans des appartements participatifs en cours de réalisation au chef-lieu de la commune de Seraïdi. Depuis, ces familles qui ont refusé de retourner sur les lieux, vivent dans des conditions, le moins que l'on puisse dire, lamentables. Sur les lieux, les militaires, qui n'ont pas été confrontés à une résistance des terroristes, ont d'ores et déjà lancé une opération de déminage des deux villages. Chaque mètre carré est passé au peigne fin à l'aide de détecteurs de mines, affirme-t-on. Deux bombes de grande puissance ont été découvertes dans les parages et au moins cinq casemates ont été détruites par les tirs de missile, selon des sources proches des opérations. Nous apprenons qu'un campement militaire permanent devrait être installé dans cette région, et ce, dans le but d'encourager les familles à regagner leur maison. Du côté sud-ouest et ouest des monts de l'Edough, plus précisément sur le versant oued el-aneb, Treat et Chetaïbi, où les choses sont beaucoup plus compliquées, les forces sécuritaires combinées, qui viennent d'être renforcées par des commandos dépêchés de Biskra et de la brigade spéciale antiterroriste de la gendarmerie nationale, basées à El-Hadjar, semblent prendre tout leur temps pour donner l'assaut final. En face, c'est l'inconnu. Plusieurs régions sont déclarées “zones interdites” depuis plus d'une décennie. “Durant toutes ces années, les criminels, qui ont gagné beaucoup de terrain dans les massifs forestiers des gigantesques monts de l'Edough, ne savaient rien faire que de tuer, racketter et surtout semer les bombes”, explique l'un des premiers patriotes engagés dans la lutte antiterroriste dans la région de Berrahal. Avant le lancement de cette opération, qui ressemble à celles menées à Ouled Allel ou des monts Babors de Sétif, aller fouiller dans ces maquis, réputés pour leur relief très accidenté, est une mission suicidaire. “C'est carrément comme si on se mettait dans la gueule du loup”, estime la même source. Pour contrecarrer les descentes punitives des terroristes dans les hameaux et villages isolés, les services de sécurité optaient pour la stratégie des embuscades, laquelle a donné des résultats en permettant la neutralisation de plusieurs sanguinaires, dont l'ex-émir, un certain Tazir Abdelhak. Les responsables des opérations, menées sous le commandement de l'adjoint du commandant du secteur opérationnel de Annaba, ne veulent prendre aucun risque. Devant un terrain hautement miné, ils s'avancent lentement, mais sûrement. B. BADIS