De sources diplomatiques à Alger estiment que le Maroc tente d'entraîner l'Algérie sur un terrain qu'elle connaît parfaitement bien. Point de réaction officielle donc à cette volonté clairement affichée de Rabat d'éloigner, encore une fois, le règlement de la question sahraouie du cadre des nations unies. Le Maroc s'est félicité avant-hier des appels lancés pour la relance du dialogue entre Alger et Rabat en vue d'une solution au conflit du Sahara occidental, après la libération de 404 prisonniers marocains par le Front Polisario. “Le Maroc se félicite des multiples appels lancés (...) par les partenaires de la région du Maghreb en faveur de la recherche, sous l'égide de l'Onu, d'une solution politique définitive et acceptable par toutes les parties”, a indiqué samedi dernier le ministère marocain des Affaires étrangères dans un communiqué. Rabat s'est également félicité des appels à “la relance, à cette fin, du dialogue entre l'Algérie et le Maroc”, a ajouté le ministère. La libération des prisonniers, a précisé le communiqué, “ne clôt en aucune manière le dossier humanitaire de ce différend”. “Les cas de plus de 210 disparus marocains communiqués au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) attendent d'être élucidés”, affirme le ministère en soulignant que la responsabilité de l'Algérie “demeure entière et imprescriptible”. Il faut savoir que le sénateur américain Richard Lugar, qui a supervisé la libération des prisonniers jeudi dernier, avait exhorté les deux pays à “créer un climat régional propice à un règlement de la question du Sahara occidental”. En fait, le royaume chérifien veut exploiter à son avantage la décision du front Polisario de libérer les prisonniers marocains en plaidant d'abord comme il a toujours fait l'ouverture de négociations avec l'Algérie concernant le règlement du conflit du Sahara occidental et en écartant ensuite la mise en œuvre du plan de paix lancé par les nations unies. Et l'appel du sénateur américain est venu en tout cas conforter la position de Rabat sur la question. L'Algérie, qui a toujours appelé à l'indépendance du peuple sahraoui, continue jusqu'à l'heure d'appuyer la démarche onusienne et en particulier l'organisation d'un référendum d'autodétermination. Les choses étant claires sur ce point précis, Alger ne peut réagir à chaque communiqué ou déclaration officielle du voisin que si la situation l'exige réellement. D'autant que le dossier sahraoui semble de plus en plus bénéficier de bons préjugés au sein de certaines capitales européennes à l'exemple de Paris et de Madrid qui ont affirmé récemment “la nécessité de l'application du plan de paix onusien dans cette ancienne colonie espagnole”. Dans un message adressé samedi dernier au roi Mohammed VI, le chef de l'Etat a exprimé sa volonté que le Maroc et l'Algérie développent “des relations fraternelles et privilégiées”. L'Algérie est “déterminée (...) à poursuivre la coopération avec le Maroc (...) et à œuvrer au développement de relations fraternelles et privilégiées entre les deux peuples et pays frères en vue de l'édification du Grand Maghreb arabe”, a déclaré le président Bouteflika. Salim Tamani