Le palais royal nourrit l'espoir d'une révision de tout le processus qui a conduit à la décision de l'autodétermination du peuple sahraoui. La libération par le Polisario des 404 derniers prisonniers marocains a véritablement donné un coup d'accélérateur à la diplomatie pour le règlement du la question du Sahara occidental. Après les réactions de satisfaction des principales capitales, Rabat affiche clairement sa disponibilité à oeuvrer pour une solution pacifique du conflit dans le cadre de l'ONU. Cette nouvelle évolution dans le discours marocain constitue une avancée, quoique timide, de la position marocaine, du fait que le palais royal continue à conditionner l'implication directe de l'Algérie dans la résorption dudit conflit. Ainsi, dans une déclaration rendue publique hier, Rabat a montré une grande satisfaction par rapport à ce que le palais royal considère comme des «appels lancés pour la relance du dialogue entre Alger et Rabat». C'est là, l'interprétation que fait le Maroc des réactions émanant de Madrid, Paris, Londres et Washington. En se basant surtout sur les déclarations du sénateur américain Richard Lugar, superviseur de la libération des prisonniers le 18 août, qui a exhorté Rabat et Alger à «créer un climat régional propice à un règlement de la question du Sahara occidental», Rabat saisit l'occasion pour faire un autre appel du pied à l'Algérie, à la différence cette fois, que la donne onusienne est prise très au sérieux. «Le Maroc se félicite des multiples appels lancés (...) par les partenaires de la région du Maghreb en faveur de la recherche, sous l'égide de l'ONU, d'une solution politique définitive et acceptable par toutes les parties», a en effet indiqué le ministère marocain des Affaires étrangères dans un communiqué. Intervenant également au lendemain de la lettre adressée par le président de la République au roi Mohammed VI, à l'occasion de son anniversaire, la déclaration du chef de la diplomatie marocaine sonne comme une énième tentative de sauver la face et, partant, obtenir une renégociation du dossier sahraoui depuis le début. Il faut dire que l'implication directe des Etats-Unis d'Amérique dans la région du Maghreb a de quoi susciter quelque espoir au trône chérifien qui, de fait, nourrit l'espoir d'une révision de tout le processus qui a conduit à la décision de l'autodétermination du peuple sahraoui. Cela dit, la libération des derniers prisonniers marocains ne semble pas clore définitivement la campagne médiatique lancée par le Maroc pour détourner l'opinion mondiale de la justesse de la cause du Polisario. En effet, dans le même communiqué, le ministre marocain des Affaires étrangères soulève une autre question, relative celle-là, aux «cas de plus de 210 disparus marocains communiqués au Comité international de la Croix-Rouge (Cicr) et qui attendent d'être élucidés». Une nouvelle «épine» que le palais royal entend sans doute injecter dans le corps de la région, juste pour ne pas avoir à affronter l'incontournable référendum d'autodétermination auquel l'Algérie, au même titre que la majorité de la communauté internationale, accorde beaucoup d'importance.