Sans expliciter son programme, le nouveau président de la République élu a indiqué que la relance de l'économie fait partie de ses priorités. Le nouveau président de la République élu, Abdelmadjid Tebboune, a tenté vendredi de rassurer les chefs d'entreprise créateurs de richesses et d'emplois. "Je salue les hommes d'affaires honnêtes qui créent des richesses et des emplois et qui soutiennent le budget de l'Etat en s'acquittant de leurs impôts et taxes", a lancé Abdelmadjid Tebboune, lors d'une conférence de presse tenue après l'annonce des résultats de l'élection présidentielle. "Ils font partie de la nouvelle Algérie", a-t-il assuré. Beaucoup de chefs d'entreprise ont été tétanisés par la campagne anticorruption lancée par les pouvoirs publics. Cette campagne anticorruption, engagée comme gage de sa détermination à préserver les fonds publics, a jeté la défiance sur l'ensemble des entrepreneurs nationaux. Certains hommes d'affaires se sont inquiétés d'un certain discours ambiant qui fait de tout chef d'entreprise un malfaiteur potentiel, alors que la plupart d'entre eux ont été des victimes du système en place. Le nouveau président élu s'est engagé à rendre justice à ceux qui ont été lésés par la "bande". "Ils seront rétablis dans leurs droits", a promis M. Tebboune. Les politiques économiques mises en œuvre durant deux décennies ont conduit à l'avènement d'un capitalisme clientéliste au profit d'une poignée d'entreprises ayant les bonnes connexions. Ils ont favorisé le développement du monopole public ou privé par le jeu des subventions, de la réglementation des prix et des obstacles pour entrer et sortir du marché. Le modèle de développement de l'Algérie a déçu les aspirations d'une main-d'œuvre jeune, éduquée, à une véritable émancipation économique. Des décennies de mainmise de l'Etat ont conforté le capitalisme de copinage, où les liens politiques priment largement sur les résultats. Les effets indirects du système de clientélisme sont plus insidieux et probablement plus préjudiciables encore sur la croissance et le développement que les effets directs, parce qu'ils marquent la société plus profondément. Leurs conséquences (mauvaise gouvernance, corruption, manque de confiance en les responsables politiques, en le milieu de l'entreprise et en l'administration, développement du secteur informel) sont plus difficiles à endiguer par l'action publique. Sans expliciter son programme, le nouveau président de la République élu a indiqué que la relance de l'économie fait partie de ses priorités. "Des mécanismes seront mis en place pour récupérer l'argent de l'Etat, à l'intérieur et à l'étranger", a annoncé M. Tebboune. Ce dernier a évoqué, entre autres, les importations. Pour lui, le problème n'est pas dans les importations des besoins des citoyens, qu'ils soient nécessaires ou superflus. "Le problème est dans la surfacturation", a-t-il relevé. "La surfacturation est une catastrophe pour l'économie nationale", a souligné M. Tebboune. " Si nous maîtrisons les surfacturations, nous pourrons récupérer 20 à 25% de la facture des importations", a-t-il estimé. Le nouveau président de la République a indiqué que des décisions seront prises dans ce domaine, évoquant également "ceux qui n'ont pas payé leurs impôts". M. Tebboune assure qu'il n'est pas dans "la politique de la peur", mais dans "celle du redressement". Son objectif est de redonner à l'Etat son autorité et sa crédibilité auprès du peuple. Il compte concrétiser les engagements pris lors de la campagne électorale, sans aucune exclusion ou marginalisation, ni esprit de vengeance. Interrogé sur la manière avec laquelle il procédera pour récupérer l'argent détourné, Abdelmadjid Tebboune a refusé de dévoiler sa stratégie.