Le RCD est formel : Abdelmadjid Tebboune a été "désigné", et dès lors, il ne peut, à ses yeux, ni être qualifié de "président" ni de jouir de quelque crédit, tant au niveau national qu'international. "Il y a lieu de constater que malgré les multiples appels à la raison de différentes parties et personnalités de tous les horizons, le commandement de l'armée a entériné le viol de la souveraineté du peuple. Il a ainsi défié le peuple en lutte, en maintenant un simulacre de scrutin contesté par les Algériens jusqu'au dernier jour du vote par des manifestations pacifiques qui virent, présentement, en une véritable insurrection", écrit le RCD dans un communiqué sanctionnant une réunion de son secrétariat national. "En voulant, ainsi, sponsoriser la division et les peurs pour continuer à régenter le pays, le commandement de l'armée précarise davantage sa position dans la recherche d'un consensus pour sortir le pays de l'ornière où il se trouve. Son implication flagrante, à tous les niveaux, dans le montage du scénario de la fraude le disqualifie aux yeux de l'écrasante majorité du peuple", estime-t-il. Pour le RCD, s'appuyant sur les observateurs, le taux de participation à l'élection présidentielle n'a pas dépassé les 8%. "Dans ce montage, l'Anie s'est montrée plus piètre que le ministère de l'Intérieur dans ses précédents arrangements", ironise-t-il. Pour lui, "le chef de l'Etat désigné lors de cette opération se retrouve ainsi discrédité à l'échelle nationale et internationale". Au-delà, le RCD soutient que les tenants du pouvoir ont exploité le hirak pour régler des comptes. "À la revendication pacifique, portée par tout un peuple, dans la rue depuis 10 mois, pour exercer sa souveraineté dans un climat apaisé et un environnement institutionnel débarrassé des pratiques et des symboles d'un système politique qui a mené le pays à l'impasse, le clan de Gaïd Salah n'a vu qu'une opportunité pour régler des comptes. Il en portera l'entière responsabilité devant le peuple et l'Histoire", dit-il. Convaincu que la tentative de restauration du système à travers la "mascarade" de vendredi est porteuse de "péril", "inacceptable, non viable et non durable", le RCD soutient qu'elle est la "contre-révolution qui porte les germes du complot et de la division". Il réitère que le Pacte pour une alternative démocratique (PAD) reste l'espace approprié pour la promotion d'une solution démocratique. Dans le même contexte, il décoche des piques à certains dont il soupçonne l'ambition de se repositionner dans la future carte politique. "Face à l'ineptie des uns et aux radicalités des autres, le RCD a choisi depuis longtemps, maintenant, l'unité de la nation, la refondation de l'Etat et la promotion des valeurs démocratiques et citoyennes et de l'alternance démocratique. La plateforme de Mazafran, qui concentre ces fondements, est le témoin vivant de l'action du Rassemblement. Le RCD ne cherche pas un espace pour exister, il est au centre de la construction de l'Alternative démocratique. Seuls ceux qui sont exclus, de fait, de la dynamique révolutionnaire enclenchée le 22 février, recourent à la réaffirmation et aux réveils des clivages idéologiques et à la rhétorique des lieux communs pour se rappeler à l'opinion".