À l'appel de plusieurs collectifs, des milliers d'expatriés ont défilé entre la place de la République et celle de Stalingrad. Ils ont brandi des pancartes de soutien au hirak et d'autres dénonçant le statu quo politique dans le pays. Les Algériens de France ne sont pas près de reconnaître Abdelmadjid Tebboune comme président. Après avoir massivement boycotté l'opération de vote, la semaine dernière, ils ont de nouveau investi la rue hier après-midi, à Paris, pour s'insurger contre ce qu'ils considèrent comme une mascarade électorale. À l'appel de plusieurs collectifs, des milliers d'expatriés ont défilé entre la place de la République et celle de Stalingrad. Ils ont brandi des pancartes de soutien au hirak et d'autres qui dénoncent le statu quo politique dans le pays. "À qui veut-on faire croire que Tebboune incarne le changement ? Son élection truquée et imposée par l'état-major de l'armée est surtout un moyen de préserver le système de prédation et des clientèles qui a ruiné l'Algérie", s'élève Mohand, un des gilets orange qui ont encadré le défilé. Pour marquer leur désaveu, des manifestants ont défilé avec des cartons rouges. "Tebboune a le profil idéal. C'est un apparatchik, à la fois roublard et docile. Il obéira à l'armée tout en entretenant l'illusion d'un changement pour venir à bout du soulèvement populaire", soutient Nassima qui anime un des collectifs de soutien au hirak, en France. Entre le 7 et le 12 décembre, elle a campé tous les jours devant le consulat général d'Algérie à Paris pour dénoncer les élections. "J'étais fière de constater que des sit-in similaires étaient tenus un peu partout en France et dans le monde par des Algériens comme moi, qui ne veulent pas que le pays reste une voyoucratie", confie la jeune femme. "L'Algérie n'est pas une propriété privée", indiquait précisément une banderole, soulevée par Aïssa et Anis, deux jeunes militants de l'Union des étudiants algériens de France (UEAF) qui se sont joints au défilé. Interpellés par la férocité de la répression qui s'est abattue sur des manifestants ces derniers jours à Oran et à Bouira notamment, ils estiment que la diaspora doit continuer à jouer le rôle de porte-voix pour alerter sur l'enlisement de la situation en Algérie. "Le système pense avoir retrouvé sa légitimité grâce à la présidentielle et se donne le droit d'opérer des rafles pour intimider la population. Si le monde se tait, le régime ira encore plus loin dans la répression", craint Aïssa, natif d'Oran. Dans un communiqué, les organisations qui ont appelé à la marche d'hier (Libérons l'Algérie et Debout l'Algérie, entre autres) se sont également soulevées contre l'usage intempestif de la violence contre des manifestants pacifiques. Elles ont, par ailleurs, martelé leur rejet des résultats de l'élection. "Nous, citoyens algériens de la diaspora, prenons à témoin l'opinion internationale et demandons aux gouvernements et aux institutions internationales de ne pas reconnaître une élection imposée de force par un pouvoir illégal et illégitime", souligne le communiqué.