En Belgique, la procession des marcheurs s'est arrêtée à la place Schuman, dans le quartier européen de Bruxelles où se trouve le siège de la Commission européenne. Le temps maussade et froid contrastait hier avec les retrouvailles chaleureuses de milliers d'Algériens de la diaspora qui ont marché à Paris et à Bruxelles pour exprimer leur rejet de la présidentielle du 12 décembre, dénoncer la répression des manifestations en Algérie et réclamer le départ du système. à Bruxelles, une procession colorée et déterminée s'est dirigée en début d'après-midi, vers le quartier européen, où se trouvent les locaux de la Commission de l'UE, en scandant des slogans hostiles au régime. "Dawla madania, machi âaskaria", "Makanch intikhabat mâa l'îssabat", ont tonné de nombreux compatriotes, qui ont pris part au défilé. Beaucoup ont fait le voyage en bus depuis Paris, Strasbourg, Lille, Nice et plusieurs villes belges comme Liège et Charleroi, ainsi que du Luxembourg. Des particuliers ont mis à la disposition des manifestants venus de loin des moyens de transport dont des cars. Le Collectif des Algériens libres de Belgique, qui a initié la marche, s'est également mobilisé pour assurer une participation massive des expatriés, avec l'objectif de "porter haut la voix du peuple algérien" et de "transmettre un message fort" aux institutions et à l'opinion publique européennes. "Arrêtez de soutenir la dictature", "Rendez-nous l'argent du peuple", ont réclamé les manifestants en arrivant au rond-point Schuman, que surplombent les bâtiments de la Commission européenne. Des pancartes critiquant la position de l'Europe ont été, par ailleurs, mises en évidence. "Silence contre pétrole", "L'Algérie n'est pas à vendre", pouvait-on lire sur certains écriteaux, qui ont été brandis au milieu de drapeaux algériens et d'emblèmes amazighs. Les deux emblèmes ont accompagné les manifestants qui ont marché quasiment au même moment entre la place de la République et la place de la Nation, à Paris. Là aussi, les organisateurs ont mis en place une énorme logistique pour assurer la réussite du défilé. Un camion a ouvert le cortège, avec à son bord une sono d'où s'élevaient de nombreux chants patriotiques Les mêmes slogans entendus à Bruxelles ont été aussi scandés par les marcheurs à Paris, donnant aux deux manifestations l'image d'une grande communion. Certains collectifs de la diaspora en France, comme Debout l'Algérie, ont d'ailleurs pris part au défilé bruxellois, avec le désir de montrer que la solidarité des expatriés avec le hirak n'a pas de frontières. À Paris, les manifestants ont exprimé un large soutien aux détenus d'opinion dont les portraits ont été accrochés symboliquement sur les barreaux d'une cage ambulante. "Ma profonde gratitude au moudjahid Lakhdar Bouregâa qui, en dépit de son âge et de ses problèmes de santé, continue à porter les aspirations de la jeunesse", a souligné Ouardia, une habituée des manifestations parisiennes. Très remontée contre le régime, la vieille dame a fustigé la propagande utilisée par le pouvoir afin de pousser les Algériens à aller aux urnes le 12 décembre prochain. "Ils font peur au peuple en espérant le berner. Mais une chose est sûre, cette élection sera un fiasco. Il n'y aura pas de vote ni en Algérie ni ici", a-t-elle assuré. En France, l'opération électorale commencera samedi prochain. Mais les collectifs de la diaspora ont d'ores et déjà prévu d'organiser des sit-in devant les consulats pour manifester leur rejet et discréditer le vote. Des actions identiques seront menées dans d'autres villes d'Europe, notamment à Bruxelles, à Rome, à Vienne et à Londres. "Le pouvoir actuel n'a d'autre préoccupation que de tenter de se régénérer en organisant un simulacre d'élection présidentielle", précisent les organisateurs de la marche parisienne. Dans un appel, ils demandent aux Algériens de la diaspora de rester mobilisés pour soutenir leurs compatriotes qui ont montré depuis neuf mois en Algérie "une capacité de résilience infaillible". Il faut savoir qu'outre les marches de Paris et de Bruxelles, des rassemblements contre l'élection présidentielle et pour le changement du système ont été tenus hier à Marseille et à Lyon.