L'appel au dialogue du nouveau chef de l'Etat n'est toujours pas accompagné de mesures d'apaisement. Bien au contraire, la répression contre le hirak se poursuit. à deux jours de l'investiture du nouveau président, Abdelmadjd Tebboune, la politique répressive du régime est toujours de mise. Alors que l'ensemble des acteurs politiques et de la société civile continue de réclamer des mesures d'apaisement avant l'entame de tout dialogue avec le nouveau chef de l'Etat, ce dernier tarde à agir dans ce sens. Au lieu de donner des signes de bonne volonté qui puissent encourager des acteurs du mouvement populaire et de la classe politique à accepter l'ouverture de canaux de discussion, les autorités font le chemin inverse. Au lendemain du scrutin présidentiel, des dizaines d'arrestations ont été opérées dans certaines régions. Ce fut le cas à Oran où les policiers ont recouru à une violence inégalée pour disperser une manifestation. À Bouira, les interventions des policiers et des gendarmes ont provoqué des blessures, parfois graves à certains activistes. À Alger, des arrestations ont été opérées au lendemain du scrutin. En même temps que ce recours à la violence, la justice poursuit de prononcer des condamnations à la prison contre des activistes et des manifestants. Un constat lointain des promesses de liberté formulées par le pouvoir par le biais d'Abdelmadjid Tebboune. Pourtant, lors de sa première conférence de presse, le nouveau chef de l'Etat, qui sera investi demain lors d'une cérémonie officielle à Club-des-Pins, a tenu un discours conciliant. Il a affirmé tendre la main au hirak populaire qu'il convie au dialogue. Puis, il a promis de "tout oublier" et de ne pas "se venger" contre ceux qui l'ont critiqué ou ont voté contre lui. Le discours a pu séduire quelques acteurs politiques jusque-là rétifs à toute discussion avec le pouvoir. C'est le cas d'Abderrezak Makri, président du MSP, et de Soufiane Djilali, président de Jil Jadid. Ce dernier était contre le principe de l'élection présidentielle. Mais le discours d'Abdelmadjid Tebboune semble l'avoir convaincu. Cependant, face à l'ambiguïté dans l'attitude du pouvoir, le mouvement populaire et des pans entiers de l'opposition restent sceptiques. Beaucoup ne croient pas en la bonne volonté des autorités. Surtout que, dans un passé récent, ces dernières avaient promis des mesures d'apaisement en contrepartie d'un début de dialogue. Mais le panel qu'a présidé Karim Younès avait entamé les discussions sans qu'aucun détenu soit libéré. Pis encore, pendant que les autorités faisaient mine de dialoguer, des manifestants se sont fait arrêter et condamner à de lourdes peines de prison. Ce qui n'a pas empêché Karim Younès et son équipe de continuer à réclamer des mesures d'apaisement qu'Abdelkader Bensalah n'a pu prendre malgré son engagement à le faire. Tout comme pour le fameux panel, le pouvoir, à travers ses relais, a entamé des contacts avec des personnalités actives dans le hirak populaire. Les contacts se font à titre personnel, et les concernés sont conviés à des rencontres informelles. Une méthode qui suscite de la méfiance chez beaucoup d'activistes, qui voient en ces procédés une nouvelle manœuvre du pouvoir.