La LF 2020 charrie un déficit budgétaire global évalué à plus de 7% du produit intérieur brut (PIB), soit 1 533,4 milliards de dinars, et un déficit du Trésor estimé à 2 435,6 milliards de dinars, soit 11,4% du PIB. La loi de finances pour 2020, désormais signée et prête à entrer en vigueur dès le 1er janvier prochain, reconduit une politique budgétaire avec des niveaux de déficit toujours alarmants, l'équilibre des finances de l'Etat nécessitant un prix du baril de pétrole supérieur à 100 dollars, tandis que les cours du marché devraient continuaient à évoluer autour de 65 dollars le baril durant l'exercice à venir. Pour l'année en cours, les estimations du Fonds monétaire international (FMI), telles que citées fin juin dernier par l'agence d'information américaine Bloomberg, fixent pour l'Algérie un seuil nécessaire de prix de pétrole de plus de 116 dollars pour équilibrer le budget de l'Etat. Un niveau d'équilibre qui, selon des experts, ne devra pas varier significativement pour le budget de 2020, malgré une contraction de 8,6% de la dépense publique globale prévue par la loi de finances pour l'exercice prochain (LF2020). De fait, même avec une réduction de l'ordre de 18,7% du budget d'équipement, combinée à une baisse de 1,2% de celui affecté au fonctionnement, les dépenses budgétaires globales prévues pour 2020 caracolent tout de même autour de 7 823 milliards de dinars, contre un niveau de recettes prévisionnelles de 6 200,3 milliards de dinars, en recul de 7% par rapport à 2019. Aussi, en retenant comme base de calcul un prix de référence du pétrole à 50 dollars le baril et une prévision d'un cours moyen réel du marché à 60 dollars, la LF2020 charrie un déficit budgétaire global évalué à plus de 7% du produit intérieur brut (PIB), soit 1 533,4 milliards de dinars, et un déficit du Trésor estimé à 2 435,6 milliards de dinars, soit 11,4% du PIB. Ces déficits publics, faut-il le souligner, s'inscrivent globalement dans les mêmes proportions que ceux autorisés pour le budget de l'exercice en cours, dont l'équilibre nécessitent, selon les estimations sus-citées du FMI, un prix de pétrole de plus de 116 dollars le baril. Un niveau de cours sur lequel ne peut bien évidemment pas tabler l'Etat pour équilibrer ses finances, d'où la mise en avant à travers la loi de finances 2020 de mesures visant l'amélioration de la fiscalité ordinaire et le renforcement du recouvrement fiscal pour tenter d'atténuer le déséquilibre budgétaire. "Cela ne suffit cependant pas pour couvrir les importants déficits publics", nous explique le professeur d'économie, Brahim Guendouzi, pour qui, en l'absence de recours à la planche à billets, les pouvoirs publics pourraient toujours solliciter la liquidité bancaire pour atténuer la pression sur le Trésor public, comme ils pourraient également "réactiver le FRR dès lors que le prix du baril de pétrole brut de référence de la LF2020 est de 50 dollars, alors que le prix de marché retenu est de 60 de dollars". Sauf que dans l'ensemble, rappelle-t-il, "il y a beaucoup d'impondérables qui touchent le marché pétrolier et auxquels s'ajoutent le facteur défavorable de la baisse de la production d'hydrocarbures enregistrée durant cette année, ainsi que les difficultés que rencontre Sonatrach pour commercialiser le gaz naturel sur le marché européen". Aussi, conclut notre interlocuteur, "il est difficile de parier sur un renforcement des cours du pétrole", surtout quand on sait les menaces que fait peser le schiste américain sur l'équilibre de l'offre pétrolière et gazière mondiale. Ces différents facteurs, résume-t-il en définitive, font que "l'actuel gouvernement préfère plutôt privilégier les paramètres internes quant au financement du déficit budgétaire", en attendant des réformes sérieuses susceptibles d'apporter des solutions rationnelles au fonctionnement de l'économie algérienne.