Ils estiment que le hirak doit se renforcer pour imposer la transition démocratique. Une foule très nombreuse s'est rassemblée hier après-midi, à Paris, à l'appel du collectif Libérons l'Algérie, pour réclamer un véritable changement politique en Algérie. "Le président qu'on vient de nous imposer n'incarne pas seulement le maintien du système mais le retour à ses années les plus sombres, celles du parti unique et de la mainmise flagrante des militaires sur le destin du pays", a assuré Farid, un habitué des rassemblements parisiens de la diaspora. Sur la place de la République, noire de monde, beaucoup d'autres manifestants ont exprimé la même inquiétude de voir l'Algérie glisser lentement dans la dictature. "Jamais les arrestations n'ont été aussi nombreuses. C'est toute l'Algérie qu'on veut mettre en prison", a dénoncé Mohamed, au micro de Libérons l'Algérie. L'agora organisée par le collectif s'est transformée rapidement en exutoire. Plusieurs personnes se sont relayées à la tribune pour dénoncer la reconstruction de l'appareil politique contre lequel se battent les Algériens depuis une dizaine de mois. "Tous les caciques commencent à réapparaître alors que les têtes d'affiche du mouvement populaire sont jetées les unes après les autres en prison", s'est indignée Fatima, militante associative. À ses yeux, l'obstination du régime à vouloir décapiter le hirak dissimule une véritable panique. "Contrairement à ce qu'ils laissent penser, c'est tout le peuple qui est contre eux. Ils ont beau utiliser la répression mais leur sort est déjà scellé. Un jour ou l'autre, ils seront broyés par la marche de l'histoire", a expliqué la jeune femme sous les applaudissements nourris du public. Dans la foule, beaucoup de manifestants ont marqué leur présence, en brandissant, comme à chaque fois, les portraits de détenus d'opinion. "Tebboune appelle les leaders du hirak au dialogue. Or, ces leaders sont dans les prisons", a souligné Hocine qui venait d'apprendre le retour en détention du journaliste Fodil Boumala, après sa comparution devant le juge. "Mais de quel dialogue nous parle-t-on ? Les revendications des Algériens sont claires. Elles n'ont pas changé depuis février dernier. Le peuple veut un nouveau personnel politique pour une nouvelle république", a ajouté notre interlocuteur, très en colère. Pour l'Alliance des démocrates de la diaspora algérienne (Adda), il est nécessaire que les Algériens restent mobilisés et unis pour exiger le changement. "L'entêtement de la caste militaro-bureaucratique à se maintenir par la force pose des défis majeurs aux Algériens. Pour les relever de façon positive, le mouvement populaire est mis en devoir non seulement de se pérenniser, mais aussi de se renforcer", a indiqué l'organisation dans un communiqué publié samedi dernier. De son côté, le collectif Libérons l'Algérie fait savoir que "la diaspora algérienne en France assumera ses responsabilités et continuera la mobilisation pour imposer aux tenants du pouvoir une solution pacifique qui portera sur un agenda pour le retrait du régime et le transfert des pouvoirs vers les instances de la transition".