Les autorités indiennes ont coupé, hier, l'accès à internet en plusieurs endroits du pays, alors que plusieurs rassemblements contre la loi controversée sur la citoyenneté, dénoncée comme discriminatoire envers les musulmans, se sont poursuivis dans plusieurs régions du pays. Les responsables de l'Uttar Pradesh (Nord) ont suspendu internet mobile et les SMS dans 21 districts sur 75, dont la capitale régionale Lucknow. Dans plusieurs zones de cet Etat, contrôlé par les nationalistes hindous et dirigé par un moine radical, l'internet mobile n'avait été rétabli que mardi après près d'une semaine de suspension. Cette région de 220 millions d'habitants compte 20% de musulmans. En Inde, le blocage de l'accès à internet pour limiter les manifestations est une technique couramment utilisée par les autorités, le pays étant le leader mondial en nombre de coupures d'internet. Le site internetshutdown.in en a recensé une centaine pour la seule année 2019. Hier, jour de la grande prière hebdomadaire, des milliers de policiers armés ont été mobilisés dès la matinée dans les districts d'Uttar Pradesh à majorité musulmane. Au total, 5 000 personnes ont été placées en détention préventive, en plus de 1 000 autres déjà arrêtées en lien avec les manifestations. Le mouvement de contestation dans l'Etat d'Uttar Pradesh a déjà entraîné la mort de 19 personnes, la plupart tuées par balle. 27 personnes en Inde ont péri en deux semaines dans des manifestations contre la nouvelle loi sur la citoyenneté qui suscite le mécontentement de plusieurs communautés, y compris hindoue, y voyant une menace aux fondements de la démocratie indienne. Votée le 11 décembre, la loi facilite l'attribution de la citoyenneté indienne aux réfugiés d'Afghanistan, du Pakistan et du Bangladesh, sauf pour ceux de confession musulmane. Des dizaines de milliers d'Indiens protestent contre cette loi très controversée qu'ils considèrent comme discriminatoire à l'encontre des musulmans et potentiellement dangereuse pour d'autres minorités de ce pays de 1,3 milliard d'habitants. Alors que ce mouvement de contestation connaît un grand retentissement international, les autorités indiennes gardent à l'œil les activités des étrangers présents dans le pays et prennent des sanctions si elles découvrent qu'ils se sont joints à la mobilisation. Une touriste norvégienne qui a participé à une manifestation dans l'Etat du Kerala (Sud) s'est ainsi vu ordonner de quitter le pays, a rapporté l'agence Press Trust of India.