Les autorités indiennes ont interdit hier les rassemblements en plusieurs lieux de la capitale New Delhi, théâtre la veille d'échauffourées entre policiers et manifestants opposés à une loi sur la citoyenneté qui continue de diviser le géant d'Asie du Sud. Ce mouvement de contestation, principalement mené par des membres de la communauté musulmane, qui constitue 14% du 1,3 milliard d'Indiens, dure depuis la semaine dernière. Il est l'un des plus importants auquel doivent faire face les nationalistes hindous du Premier ministre Narendra Modi. De nouvelles manifestations se sont tenues par contre hier dans les Etats du Bengale occidental, Tamil Nadu, Telangana et Maharashtra. Voté par le Parlement indien la semaine dernière, le Citizenship Amendment Act (CAA) facilite l'attribution de la citoyenneté indienne aux réfugiés d'Afghanistan, du Bangladesh et du Pakistan, mais à condition qu'ils ne soient pas musulmans. La police de Delhi a fait état de 6 personnes arrêtées mardi. 6 autres personnes ont été interpellées au Bengale occidental (Est) à Howrah, ville-jumelle de Calcutta. Dans le grand Etat d'Uttar Pradesh (Nord), plus de 110 personnes ont été arrêtées en lien avec les manifestations ou pour des messages postés sur les réseaux sociaux. Hier, les résidences étudiantes se sont vidées à l'Aligarh Muslim University (Uttar Pradesh), l'un des épicentres de la contestation et où les étudiants accusent la police de répression brutale de leur rassemblement dimanche, après que l'administration a décrété un début prématuré des vacances d'hiver. À la grande université Jamia Millia Islamia de New Delhi, des manifestations pacifiques se sont tenues à nouveau hier. Saisie par des plaignants, la Cour suprême d'Inde a indiqué qu'elle entendrait les recours contre le CAA en janvier. Les opposants au texte l'estiment contraire à la Constitution et à l'esprit de laïcité indiens.