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"Le nouveau Président ne pourra rien faire sans ressources financières suffisantes"
BadrEddine Nouioua, économiste et ancien gouverneur de la Banque d'Algérie
Publié dans Liberté le 29 - 12 - 2019

Economiste, ancien gouverneur de la Banque d'Algérie et ancien ministre délégué au Trésor, Badreddine Nouioua nous livre, à travers cet entretien, son analyse sur l'économie nationale et les perspectives de son évolution.
Liberté : Comment analysez-vous la situation actuelle de l'économie nationale et les perspectives de son évolution ?
Badreddine Nouioua : La situation économique ne fait que se dégrader depuis la crise de 2014, car durant la période antérieure, rien n'a été fait pour amorcer son développement. En l'absence de réformes profondes, les déficits du budget et de la balance des paiements ne font que s'aggraver. Depuis le début de cette année, la tentative d'un 5e mandat de l'ex-président Abdelaziz Bouteflika a provoqué un sursaut national inespéré pour faire entendre la voix du peuple. Mais au même temps, cela a créé une situation d'incertitude et de relâchement, en l'absence d'autorités solides et crédibles. La situation économique a donc continué à se détériorer.
Même si un nouveau président est désormais déclaré élu, sa marge de manœuvre reste limitée, car au vu du contenu de la loi de finances 2020, rien ne change vraiment en matière de politique budgétaire avec le maintien de l'expansion des dépenses et du gaspillage, au détriment du financement de l'investissement et de la croissance. Bien au contraire, le budget d'équipement a été réduit, les dépenses de fonctionnement demeurent presque au même niveau qu'avant et la part des subventions est toujours aussi importante, sans qu'elles soient ciblées ou gérées de façon à ne profiter qu'aux populations défavorisées.
Comment l'Etat pourra-t-il couvrir ses dépenses et ses déficits dans un contexte de raréfaction des ressources financières ?
Le recours à la planche à billets va sûrement continuer, car l'Etat ne dispose plus aujourd'hui de suffisamment de ressources. Rien n'a été fait pour mettre en place un service des impôts apte à élargir l'assiette et le recouvrement fiscaux pour améliorer les ressources de la fiscalité ordinaire.
Le ministère des Finances et les services des impôts ne sont toujours pas suffisamment équipés et informatisés pour jouer efficacement leur rôle dans la collecte de ressources financières. Il faut en ce sens opérer une refonte profonde du système des impôts, pour agir aussi bien sur la fiscalité ordinaire que sur celle pétrolière. Le nouveau Président ne pourra rien faire sans ressources financières suffisantes.
Quelles actions pourrait entreprendre l'Etat pour diversifier ses revenus?
Pour améliorer les ressources financières de l'Etat, Il faudrait d'abord s'organiser pour réanimer le marché boursier, créer des emprunts attractifs, mais aussi permettre des cessions d'actifs d'entreprises publiques, y compris éventuellement au sein de la compagnie Sonatrach et des banques étatiques.
L'on peut effectivement céder des parts du capital de ces entreprises sans dépasser un seuil de 25% et l'Etat pourrait ainsi collecter des fonds, tout en gardant son contrôle sur ces entités. De plus, si l'on crée des opportunités de placements attractifs sur les marchés bancaire et boursier, les citoyens ne continueront vraisemblablement pas à thésauriser leurs avoirs ou à les investir essentiellement dans l'immobilier. Cela permettrait aussi de réduire les transferts de fonds vers l'étranger.
Le retour à l'endettement extérieur suffira-t-il à combler les besoins de financement de l'économie et de l'investissement ?
L'important n'est pas seulement de pouvoir disposer de ressources financières, mais surtout de savoir les utiliser avec efficience. Il est nécessaire en ce sens de créer une structure chargée de la planification et de définir en même temps une stratégie et un programme de projets utiles à mettre en place pour relancer l'activité économique et la croissance. Durant la période antérieure, l'endettement extérieur a été banni de manière injustifiée. Malheureusement, aujourd'hui, il est beaucoup moins facile d'emprunter à l'extérieur.
Le financement externe ne peut être mobilisé que pour des projets structurants, ce pourquoi il faut mettre en place un plan clair en la matière et faire appel à des cabinets compétents pour concevoir des projets solvables, à même de pouvoir mobiliser des ressources auprès d'institutions multilatérales comme la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et autres.
L'Algérie est-elle suffisamment solvable pour accéder à des financements externes à des termes favorables?
Le recours à l'endettement est devenu inévitable aujourd'hui. La première chose à envisager dans le contexte actuel est de mettre en avant les richesses naturelles disponibles, comme les mines, la pétrochimie et les hydrocarbures qui, il ne faut pas l'oublier, constituent la première ressource du pays. Actuellement, le marché financier international est très difficile d'accès.
Les institutions multilatérales comme la BM et la BAD n'interviennent que dans la mesure où il y a une stabilité politique et économique et où les projets à financer sont suffisamment maturés et solvables. Aussi, il faut que l'Algérie devienne suffisamment crédible pour mobiliser des emprunts extérieurs. Un contrôle sérieux des fonds mis à disposition doit être garanti. Qui plus est, on ne doit pas s'engager dans le financement externe sans avoir mis en place au préalable une loi qui encadre l'endettement.
Cette loin doit définir, entre autres, les limites à fixer pour cet endettement, la nature des financements à solliciter, les conditions d'emprunts et surtout la destination précise de ces financements, de sorte à ce qu'ils soit réservés à l'investissement productif et à des projets d'infrastructures utiles pour le développement du pays.
La loi de finances de 2020 charrie une coupe brutale dans le budget d'équipement. Cette réduction de l'investissement public va-t-elle impacter l'activité économique?
Une réduction de l'ordre de 20% du budget d'équipement est sans doute grave. La croissance économique, bien qu'elle soit artificielle, n'a pu s'effectuer jusqu'ici que grâce à l'équipement et aux ressources publics. La croissance sera donc plus limitée et le chômage devrait encore grimper.
Le risque est que l'on recourt à nouveau à des artifices pour essayer de maintenir un semblant d'activité économique, comme par exemple des tirages excessifs sur la planche à billets et une mauvaise utilisation des ressources pour payer par exemple des dettes d'entreprises déstructurées ou financer des activités improductives. Il faut noter que la planche à billets n'est pas un mal en soi, pour peu qu'elle serve l'investissement et la relance de l'économie et non l'aggravation de la dépense publique comme auparavant.
La crise sociale risque-t-elle de s'aggraver en 2020 ?
La crise sociale risque de s'aggraver si l'activité économique continue à baisser. En l'absence d'une relance, il y aura assurément une détérioration de la situation sociale. Il faut avant tout commencer par assainir la situation politique et celle-ci ne peut l'être que si l'on prend en considération les revendications populaires.
Le réaménagement de la règle dite des 51/49% suffira-t-il à améliorer l'investissement en Algérie ?
La règle des 51/49% est manifestement contreproductive. Tout le monde le savait, sans que personne ait osé en parler, y compris au sein de l'Etat. Aussi, le réaménagement de cette règle est assurément une bonne mesure, mais qui reste insuffisante pour améliorer l'investissement étranger.
Il faut, pour ce faire, être plus compétitif; disposer d'infrastructures plus développées comme la téléphonie et autres ; instaurer un système judiciaire convenable ; offrir un meilleur climat des affaires et garantir une plus grande stabilité aux plans politique, juridique et social.
La révision de la loi sur les hydrocarbures aidera-t-elle à faciliter l'investissement dans le domaine de l'exploration pétrolière ?
Ce qui va déterminer dans ce domaine est surtout la façon dont va se comporter la compagnie nationale Sonatrach, ainsi que les possibilités qu'offre aujourd'hui le champ pétrolier algérien.
Les réserves de change risquent-elles de s'épuiser complétement à court terme ?
Pour empêcher l'érosion des réserves de change, il faut surtout créer des conditions favorables à l'investissement. Si les imporations et les pratique de fraude et de surfacturation continuent à évoluer au même rythme qu'actuellement, ces réserves vont sans doute s'épuiser. En 1985, quand je venais d'être nommé à la tête de la Banque d'Algérie, les réserves en devises étaient de l'ordre d'un milliard de dollars.
Elles étaient libellées exclusivement en monnaie américaine qui connaissait alors une chute vertigineuse. Il fallait agir rapidement à l'époque et nous l'avons fait en opérant des changements de monnaies, ce qui nous a permis de sauvegarder les réserves et mêmes d'engranger un bénéfice sur les placements. C'est pour dire que si les mesures nécessaires sont mises en place efficacement, on peut éviter l'épuisement des avoirs du pays en devises.
La dépréciation du dinar est-elle évitable dans le contexte économique actuel ?
Soutenir l'idée qu'il faut dévaluer le dinar pour le mettre au niveau du marché parallèle est une aberration. Le change informel ne peut être une référence, car il s'agit d'un marché spéculatif.
Jusqu‘ici, les dépréciations opérées n'ont été qu'un coup d'épée dans l'eau, en l'absence d'une production nationale diversifiée et compétitive à l'exportation. Il faut espérer que la Banque centrale s'attache à maintenir une stabilité du dinar, car la manipulation du taux de change ne sert à rien et ne peut entraîner que des effets négatifs sur le pouvoir d'achat du pays et des populations.

Entretien réalisé par : Akli Rezouali


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