En conflit ouvert avec l'Iran, Washington veut envoyer un signal fort au régime des ayatollahs qui a étendu son influence en Irak et dans toute la région ces dernières années. L'armée américaine a effectué dimanche soir plusieurs frappes ciblant 5 bases en Irak et en Syrie d'une faction armée pro-Iran, tuant au moins 25 de ses combattants. Washington a déclaré qu'il a mené ces raids en représailles à une attaque à la roquette menée, deux jours auparavant, par cette faction pro-Iran et tuant un Américain en Irak. "Ces frappes menées en réponse aux attaques répétées du Kataëb Hezbollah contre des bases irakiennes qui accueillent les forces de l'opération antiterroriste (Inherent Resolve), affaibliront les capacités de cette faction à mener de futures attaques contre les forces de la coalition", a déclaré, après ces attaques, le porte-parole du Pentagone, Jonathan Hoffman, dans un communiqué, alors que le secrétaire à la Défense, Mark Esper, a qualifié, à son tour, ces raids de "succès". "Nous mènerons des actions supplémentaires si nécessaire afin d'agir pour notre autodéfense et pour dissuader des milices ou l'Iran de commettre des actions hostiles", a ajouté M. Esper. Les frappes ont ciblé des installations des Brigades du Hezbollah, une des factions pro-Iran du Hachd al-Chaabi, coalition de paramilitaires formée pour lutter contre les terroristes et intégrée aux forces de sécurité irakiennes, après la décapitation de l'organisation autoproclamée Etat islamique en Irak. En conflit ouvert avec l'Iran, Washington veut envoyer un signal fort au régime des ayatollahs qui a étendu son influence en Irak et dans toute la région ces dernières années. Les frappes contre des bases et des stocks d'armes des brigades du Hezbollah à la frontière entre Irak et Syrie interviennent après deux mois d'une escalade sans précédent dans les tirs de roquettes contre les intérêts américains en Irak, pays en pleine révolte contre le pouvoir et son parrain iranien. Après les raids américains, le porte-parole militaire du Premier ministre démissionnaire Adel Abdel Mahdi a dénoncé "une violation de la souveraineté irakienne", tandis que la classe politique a remis au goût du jour la campagne récurrente en Irak pour "chasser" les Américains de leur pays. Plusieurs députés ont déjà appelé à dénoncer l'accord irako-américain qui autorise la présence de troupes américaines (5200 soldats) dans le pays et même les partis d'opposition, qui passent pour proches des Américains, ont dénoncé les frappes américaines. Les brigades du Hezbollah ont appelé hier, de leur côté, à "dégager l'ennemi américain". Une autre faction pro-Iran, Assaïb Ahl al-Haq a estimé que la présence militaire américaine est devenue "une source de menace". "Il est désormais impératif de tout faire pour les expulser par tous les moyens légitimes", a-t-elle indiqué hier. Des observateurs redoutent par ailleurs que le sol irakien soit utilisé par les Iraniens et les Américains comme un champ de bataille, alors que la situation sécuritaire, politique et économique menace d'enfoncer un peu plus le pays dans le désastre. L'Irak est le théâtre d'une révolte inédite depuis début octobre. Les manifestants appellent au départ d'un système politique installé par les Américains dans la foulée de leur invasion en 2003, et désormais, noyauté par les Iraniens. Ce mouvement a été marqué par près de 460 morts et 25 000 blessés.