Toutes les mesures annoncées ont un coût que la loi de finances 2020 n'a pas prévu. D'où la forte probabilité d'une loi de finances complémentaire. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, procédera, probablement, à l'élaboration d'une loi de finances complémentaire 2020 s'il veut tenir, rapidement, ses engagements économiques et sociaux déclinés durant sa campagne électorale et réitérés lors de son discours d'investiture. Le chef de l'Etat sera, surtout, attendu sur sa promesse d'exonérer de l'Impôt sur le revenu global (IRG) les salaires inférieur ou égal à 30 000 DA. L'Etat œuvrera "vigoureusement à augmenter le pouvoir d'achat de tous les citoyens, notamment la classe moyenne et vulnérable, tout en supprimant l'impôt pour les catégories à faible revenu", a indiqué Abdelmadjid Tebboune dans son premier discours à la nation à l'issue de la cérémonie d'investiture au Palais des nations. Il avait, également, annoncé une exonération d'impôt au profit des femmes au foyer contribuant à l'économie. Tout comme il a, par ailleurs, affirmé que l'Etat "engagera une profonde réforme du système fiscal, mettra fin à l'injustice et à l'arbitraire dans ce domaine, tout en accordant des incitations fiscales au profit notamment des start-up et des PME dans l'objectif de développer la production nationale". M. Tebboune a aussi évoqué "des allègements fiscaux pour toutes les entreprises, publique et privée, créatrices de richesses et de postes d'emploi, tout en promettant des mesures claires devant être mises en place par l'Etat à cet effet". Le président Tebboune s'est engagé à valoriser la bourse universitaire, notamment pour les étudiants en sciences exactes, à promouvoir la profession d'enseignant et de chercheur sur les plans matériel et social et l'octroi d'avantages importants aux médecins et aux paramédicaux dans les régions des Hauts-Plateaux et du Sud. Toutes ces mesures ont un coût que la loi de finances 2020 n'a pas prévu. D'où la forte probabilité d'une loi de finances complémentaire en 2020. M. Tebboune, quand il était encore candidat, ne l'avait pas exclu. "Il y a toujours des adaptations à faire à travers une loi de finances complémentaire qui prendra en considération la dévaluation du dinar, le budget de l'Etat et le pouvoir d'achat des classes moyennes et défavorisées", avait-il indiqué. Au-delà de mesures fiscales, le nouveau gouvernement aura la lourde tâche de relancer la croissance dont les principaux moteurs sont aujourd'hui en panne. C'est le cas des dépenses publiques. Le budget 2020 a entériné une chute sévère, à hauteur de 20%, des dépenses d'équipement dont chacun sait qu'elles restaient à ce stade le principal moteur de la croissance. Les entreprises privées, qui sont relativement en bonne santé, ont intégré qu'elles n'auront pas de croissance en 2020. D'autres, plus nombreuses, vont faire face à l'effet domino de la baisse de commandes des grands donneurs d'ordre et aux problèmes de recouvrement de créances. Le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care) et le Centre des jeunes dirigeants algériens (CJD) viennent, dans un communiqué commun, de tirer la sonnette d'alarme sur les risques liés à l'aggravation de la crise qui frappe de plein fouet les entreprises algériennes. L'inconnue dans cette équation reste le financement. La marge de manœuvre du futur gouvernement paraît très étroite.