Comment peut-on accepter de signer un tel contrat qui ne défend que les intérêts d'une seule partie ? À la mi-juillet 2019, l'international local Farouk Chafaï, transfuge de l'USMA, signe au MC Alger. C'est alors Omar Ghrib, directeur sportif, qui le convainc de rejoindre le Mouloudia après avoir honoré son contrat à l'USMA. Dans la discrétion la plus totale, Ghrib fait des pieds et des mains pour l'amener à parapher son contrat, mais les discussions butent sur deux points essentiels, à savoir le salaire et la possibilité de rejoindre un club étranger, d'autant plus que le défenseur central avait déjà des touches dans les pays du Golfe. Du coup, Chafaï tente le tout pour le tout et exige un salaire mirobolant, à savoir le plus élevé au MCA, et surtout une clause invraisemblable, à savoir avoir la possibilité de quitter le club à n'importe quel moment de la saison et sans aucune contrepartie. C'est-à-dire que Chafaï aura la latitude de signer dans un club étranger gratuitement. L'on pouvait penser que Ghrib, soucieux des intérêts du MCA, n'allait pas accepter une telle condition, mais que nenni ! Non seulement Ghrib cède à la pression de Chafaï, mais il accepte même de l'inscrire noir sur blanc dans le contrat de deux ans signé entre les deux parties. Pis, le conseil d'administration, qui a un droit de regard sur ce genre de contrats, valide le recrutement sans y trouver à redire. Chafaï signe au MCA pour une mensualité de 350 millions de centimes et empoche une avance de quatre salaires, soit 1,4 milliard de centimes, ce qui fait de lui le joueur le mieux payé du championnat de Ligue 1. Il dépasse même la nouvelle recrue du MCA, le meneur de jeu Abdelmoumen Djabou, qui touche 300 millions par mois. Cinq mois plus tard, et après avoir touché la totalité de son dû, Chafaï rejoint comme prévu gratuitement le club saoudien de Damac. Du coup, une question s'impose : Omar Ghrib a-t-il cédé à toutes ces conditions surréalistes sans avoir récupéré une commission importante en contrepartie ? Les observateurs sont en droit en tout cas de s'interroger sur ce genre de pratiques suspectes dans nos clubs, qui permet à un joueur de bénéficier d'autant d'avantages financiers sans pour autant que le club puisse réaliser une plus-value. Cela s'appelle un abus d'autorité et dilapidation de biens sociaux de la société SSPA-MCA. Comment peut-on raisonnablement accepter de signer un tel contrat qui ne défend que les intérêts d'une seule partie ? Dans le jargon économique, cela s'appelle un contrat léonin, c'est-à-dire qu'il n'arrange qu'une seule partie, cette dernière, en l'occurrence Chafaï, se réservant des avantages supérieurs au MCA. Dans l'une de nos dernières livraisons, nous révélions qu'à cause de ce genre de pratiques, le MCA se retrouve avec un déficit de 150 milliards de centimes et une masse salariale de 80 milliards, soit 85% du budget du club. La société mère, Sonatrach, qui a entre ses mains deux audits accablants sur la gestion de l'équipe du football, le premier daté de 2013 et le second de fin 2019, n'a toujours pas pris les mesures qui s'imposent et encore moins transmis les dossiers à la justice.