Au moment de rendre ses conclusions au ministre de la Santé, le conseil chargé de la réforme hospitalière s'aperçoit que le travail a été fait... par d'autres. Le projet de réforme hospitalière risque de provoquer une polémique dans les milieux de la santé. Le manque de transparence qui a suivi l'annonce, ainsi que les différentes étapes de l'élaboration du texte qui régira le secteur dans les prochaines années, posent un sérieux problème. Tout a commencé en juin dernier lorsque Abdelhamid Aberkane, ministre de la santé, avait procédé à l'installation du Conseil national de la réforme hospitalière. Cette structure, composée de brillants professeurs et compétences du secteur, avait pour mission de recueillir les avis, les remarques mais aussi des propositions qui devaient servir de base de travail à l'élaboration de la nouvelle loi. Pendant plus de cinq mois, le comité en question a travaillé d'arrache-pied pour rendre des conclusions à la tutelle. Toutefois, le ministre ne s'est pas tenu à la démarche de juin, avancent des sources hospitalières. Aberkane a, selon des indiscrétions, confié, dès juillet dernier, c'est-à-dire au moment où le conseil avait entamé sa mission, le projet d'élaboration du projet de loi portant réforme hospitalière à un bureau privé de consulting international dirigé par l'ancien ministre des Affaires sociales dans le gouvernement de Mouloud Hamrouche, Ghrieb. Ce dernier a planché sur ce dossier depuis et a remis une première mouture au ministre de la Santé qui peaufinera le texte avec un cercle très restreint de ses collaborateurs. Toute cette démarche a été tenue en secret par le premier responsable sur le secteur, laissant le comité continuer le travail. Cette structure est un faire-valoir, estiment des sources qui affirment que son installation n'a été que pour la forme et pour faire croire que des spécialistes et des compétences du secteur ont été associées à l'élaboration de la nouvelle loi. Le 22 décembre dernier, Aberkane a réuni le conseil national de la réforme hospitalière pour les remercier pour le travail accompli. Au cours de cette rencontre, le ministre de la Santé a annoncé que le projet de loi est fin prêt et que le texte est déjà ficelé. Le premier responsable du secteur de la santé n'a, toutefois, pas donné d'explication sur cette démarche parallèle à celle du conseil national, entreprise par son département. À quoi a donc servi cette structure ? Quel est le sort réservé aux différentes propositions, pertinentes par ailleurs, de ce comité ? Telles sont les interrogations qui se posent dans les milieux hospitaliers à la découverte du pot aux roses que constitue le travail réalisé par le très ultralibéral ancien ministre Ghrieb. Ce dernier a comme conseiller Mme Grangaud dont le mari est membre du comité installé par le ministre. Le personnel de la santé conteste la démarche et compte réagir dans les prochains jours. Le ministre, qui a révélé, lors de la rencontre du 22 décembre dernier, que l'avant-projet de loi portant réforme hospitalière, qui remplacera la loi 85-05 de 1985, sera débattu par le Conseil de gouvernement vers la fin de mois de janvier, alors que la promesse a été faite aux différents syndicats, qui activent dans le secteur, de recevoir une copie du texte début février pour, bien sûr, débat et enrichissements. Cela a amené les usagers à affirmer que le ministre veut mettre tout le monde devant le fait accompli. Comment, en effet, engager la discussion sur un dossier avec les partenaires sociaux après l'adoption par le gouvernement du texte en question ? C'est ce que rejettent les différents syndicats. Il faut s'attendre, dans les prochains jours, à une levée de boucliers dans le secteur où la transparence a toujours été le grand absent. M. A. O.