Le Liban a renoué avec la contestation depuis le début de semaine, après une relative accalmie due aux fêtes de fin d'année. Hier, plusieurs centaines de manifestants ont battu le pavé dans toutes les villes du pays, après une nuit mouvementée et marquée par une escalade de violence, à Tripoli notamment, entre les manifestants et les forces de l'ordre. Plusieurs routes ont été coupées sur l'ensemble du territoire libanais par les contestataires qui exigent, depuis le 17 octobre 2019, le départ de toute la classe politique et la formation d'un gouvernement exclusivement de technocrates. Le Premier ministre désigné, Hassane Diab, trouve beaucoup de difficulté à former son gouvernement, alors que les partis politiques continuent à se rejeter la responsabilité, creusant davantage leurs divergences. Au Liban-Nord, la place al-Nour, à Tripoli, a été coupée à la circulation, tout comme l'autoroute côtière à hauteur de Beddaoui, ont rapporté des médias locaux. L'armée est intervenue sur plusieurs points de la capitale, hier en matinée, pour rouvrir les routes qui avaient été fermées la veille, alors qu'à Halba, capitale du gouvernorat de l'Akkar, dans le nord, la circulation a été complètement coupée par les manifestants qui ont dressé des barricades sur plusieurs axes de la ville. Si les manifestants, au début du mouvement de la contestation, ciblaient la classe politique dirigeante accusée de corruption et d'incompétence, depuis deux semaines les protestataires s'en prennent désormais aux banques du pays, accusées de bloquer l'argent des Libanais. Il ne se passe plus un jour sans que des incidents éclatent à l'intérieur d'agences bancaires entre des clients en colère et des employés partout au Liban. Les banques libanaises imposent de sévères restrictions pour tout retrait en devises. Il y a quelques jours, les mesures ont été durcies : même les retraits en livres libanaises sont désormais rationnés.