Le rendez-vous de contestation d'hier a battu en brèche la thèse distillée par les "mouches électroniques" qui misaient sur l'essoufflement de la mobilisation estudiantine, après l'installation de la nouvelle équipe gouvernementale. Les étudiants poursuivent leur insurrection pacifique. Ils ont, en effet, signé hier leur 46e mardi de contestation de suite depuis le 22 février 2019. Les jeunes universitaires persistent et signent qu'"il n'y aura pas de dialogue avant le départ total des résidus d'el-îssaba". Ils ont bien montré, à travers les rues d'Alger-Centre, que la détermination de leur mouvement reste sans faille dix mois après le début du mouvement populaire. Le rendez-vous de contestation d'hier a ainsi battu en brèche la thèse des "mouches électroniques" qui misaient sur l'essoufflement de la mobilisation estudiantine, après l'installation de l'équipe gouvernementale. "Nous marchons toujours et nous ne sommes pas près de nous arrêter, jusqu'au départ de toutes les figures du système" ou encore "Le hirak se poursuivra jusqu'à l'instauration d'un Etat civil", ont-ils notamment scandé tout au long du parcours habituel du hirak estudiantin. En somme, ils ont marché depuis la place des Martyrs jusqu'à la place Maurice-Audin, en passant par la rue Larbi-Ben M'hidi, l'avenue du Docteur Saâdane, le boulevard Amirouche avant de remonter la rue Mustapha-Ferroukhi pour se rassembler place Mohamed-Khemisti. Le dispositif sécuritaire mis en place a visiblement été allégé par rapport aux précédentes semaines, malgré l'échelonnement de cordons de patrouilles pédestres tout au long du parcours de la manifestation. Appuyés par des personnes âgées, des femmes et des jeunes citoyens, les premières processions ont démarré vers 10h45 depuis la place des Martyrs, en brandissant des pancartes invitant le nouveau locataire du palais d'El-Mouradia à revoir sa feuille de route, annoncée lors du Conseil des ministres tenu dimanche dernier. Le slogan "Le peuple veut reprendre son droit de gouverner tel que stipulé dans les articles 7et 8 de la Constitution" a été décliné dans toutes les langues, même en chinois et en japonais. Le chant phare du hirak "Ecoutez, Abane nous a recommandé de bâtir un Etat civil, pas militaire" a fortement résonné à travers les immeubles tout au long de la légendaire rue Bab-Azzoun. Parmi les slogans qui ont fait leur retour hier, à l'occasion du 46e mardi de contestation, figure notamment : "Nous sommes les enfants d'Amirouche, nous ne ferons jamais marche arrière, nous menons un combat pour les libertés". D'autres manifestants ont crié haut et fort "Ya Ali", allusion à Ali La Pointe, héros de la Bataille d'Alger. Les autres vagues de citoyens reprennent les traditionnels slogans du hirak tels que"Nous ne sommes pas près de lâcher jusqu'à la victoire". D'autres marcheurs paradent avec des écriteaux qui réclament la dissolution des partis RND et FLN, la réduction des attributions du chef de l'Etat et l'organisation d'élections anticipées. D'autres marcheurs ont déployé des pancartes appelant à la libération des détenus qui croupissent encore dans les geôles d'El-Harrach. Ce nouvel acte de contestation estudiantine a confirmé que rien ne semble affecter la résolution du peuple pour concrétiser les engagements pris le 22 février 2019.