C'est sous le signe de la contestation et de la détermination que les étudiants ont clôturé l'année 2019, en organisant, mardi 31 décembre, leur 45e marche hebdomadaire depuis le début du hirak en février dernier. Comme tous les mardis, la mobilisation était au rendez-vous et des citoyens de tous les âges et des deux sexes ont prêté main-forte aux jeunes étudiants, en investissant en force les rues de la capitale. C'est vers 11 heures que la procession humaine s'est ébranlée de la fameuse place des Martyrs pour échouer à la Grande-Poste, un des symboles du mouvement populaire, après avoir traversé plusieurs rues (Baba Azzoun, Ali-Boumendjel, Larbi-Ben M'hidi...). Brandissant des pancartes — sur lesquelles sont portés de nombreux mots d'ordre —, des drapeaux, mais aussi des portraits de révolutionnaires tels qu'Ali La Pointe ou encore Taleb Abderrahmane, des milliers de manifestants n'ont pas cessé, tout le long du trajet, de scander des slogans hostiles au système en place, tout en dénonçant la dernière présidentielle. "O ya issaba intikhabat zawartouha, raïs machi char3i, massira nekamlouha" (ô la bande vous avez truqué l'élection, le Président est illégitime, nous continuerons de marcher), criaient-ils à tue-tête. "Non à la violence, non au système", était-il écrit sur une pancarte. Sur les pas des marcheurs du vendredi 27 décembre 2019, les étudiants ont, eux aussi, tenu à rendre hommage à l'architecte du Congrès de la Soummam 1956 et au père du fameux principe de la primauté du politique sur le militaire, Abane Ramdane, en hurlant : "Ils ne nous ont pas ramené des cars, Abane Ramdane." "Dawla madania matchi âaskaria" (Etat civil et non militaire), scandaient-ils, encore. Les agressions de manifestants par des baltaguia tout comme les tentatives de semer la division entre Algériens ont été vigoureusement dénoncées par les manifestants qui ont tenu à réitérer leur attachement à l'action pacifique et à l'unité nationale. "Cela fait 10 mois que nous menons une révolution pacifique, vous ne nous faites pas peur avec les baltaguia", criaient des manifestants. Et d'ajouter : "Nous sommes des enfants d'Amirouche, nous ne reculerons jamais", "Les Algériens sont frères" (Khawa khawa), "Le peuple est uni, ô traîtres". Comme lors des précédentes marches, les manifestants ont réclamé, pour la énième fois, la libération des détenus d'opinion. "Libérez les détenus, ils n'ont pas vendu de la cocaïne", scandaient les manifestants. Plusieurs pancartes portant l'inscription : "Liberté pour les détenus d'opinion", ont été brandies.