Longtemps protégé par la famille Bouteflika, l'ancien membre du Conseil de la nation a perdu tous ses soutiens, y compris au sein de son parti, le FLN. L'ex-sénateur et ancien ministre de la Solidarité nationale et de la Famille Djamel Ould Abbes a été placé, hier, sous mandat de dépôt par le juge d'instruction près la Cour suprême et incarcéré à la prison d'El-Harrach. Le mis en cause est accusé pour dilapidation de deniers publics, conclusion d'un marché en violation des dispositions réglementaires en vigueur, abus de fonction et faux en écritures publiques. L'enquête, qui avait été confiée à la Section de recherche de la Gendarmerie nationale (SRGN) de Bab Jdid (Alger), avait démontré, à travers les perquisitions opérées au ministère de la Solidarité nationale, que le mis en cause était l'auteur de plusieurs malversations, notamment dans l'affaire de distribution des bus qu'il promettait à chaque commune, la gestion des aides dans le cadre de la prime de scolarité et des trousseaux scolaires, des aides indûment octroyées à des associations, à des individus et à des entités qui n'étaient pas légalement concernées par les subventions de l'Etat, mais aussi l'abus dans les dépenses injustifiées lors de ses visites pour vendre le programme de solidarité de l'ex-chef de l'Etat Bouteflika dans les Hauts-Plateaux et le Grand-Sud. Aussi, plusieurs dossiers ont été récupérés au cours des investigations et ont été passés au peigne fin par les gendarmes enquêteurs qui ont réussi, par ailleurs, lors de l'extension de compétence géographique, à récupérer des dizaines de véhicules. En outre, et au vu du nombre de personnes impliquées dans ce dossier, il est attendu, dans les tout prochains jours, que le juge instructeur ordonne des extensions de délits sur la base des requêtes introductives envoyées par le parquet général et les services de sécurité à propos des mis en cause, des cadres cités et des témoins. Longtemps protégé par la famille Bouteflika, notamment par le président déchu au lendemain de la révolte populaire du 22 février, Djamel Ould Abbes a perdu tous ses soutiens, y compris au sein de son parti, le FLN, d'où il avait été débarqué du poste de secrétaire général par Mouad Bouchareb. Les choses s'étaient alors accélérées au mois d'avril dernier et la justice avait saisi le Conseil de la nation pour la levée de l'immunité parlementaire de l'homme qui se considérait toujours comme le patron du FLN. Malgré la procédure engagée, Djamel Ould Abbes refusait de se rendre à l'évidence pour échapper à la justice. Mais très vite, il renoncera volontairement à son immunité parlementaire conformément à l'article 127 de la Constitution, avant d'être convoqué et auditionné par les gendarmes. L'enquête préliminaire achevée, le parquet général près la Cour suprême a alors engagé les procédures de poursuite judiciaire à son encontre. Il n'est pas exclu, indiquent nos sources, que des directeurs de wilaya soient convoqués comme témoins. Ces derniers pourraient être entendus pour des faits punis par la loi, notamment abus de fonction et mauvais usage de la fonction, faux et usage de faux, trafic d'influence et corruption. Du reste, le second mis en cause dans cette affaire, en l'occurrence l'ex-ministre de la Solidarité nationale Saïd Barkat, comparaîtra, lui, ce matin, devant le juge d'instruction près la Cour suprême où il répondra des mêmes chefs d'accusation. Ce dernier risque de subir le même sort au vu des accusations qui ont conduit Djamel Ould Abbes en prison.