Les jours d'Azzedine Mihoubi à la tête du RND semblent comptés. Après avoir bénéficié d'une période de grâce, qui dure depuis juin dernier, l'ex-candidat à l'élection présidentielle fait face à une fronde venant des membres du conseil national de son parti dont une session ordinaire se tiendra demain vendredi. Au moins 52 membres de cette instance, qui comptent parmi les plus influents du parti, ont rendu publique, hier, une pétition appelant clairement au départ de du secrétaire général par intérim. Ils proposent la désignation d'Abdelkrim Harchaoui comme successeur en attendant la tenue d'un congrès extraordinaire dans trois mois. Dans la lettre, dont nous détenons une copie, d'anciens ministres, dont Mohamed-Chérif Abbas, des députés et des sénateurs s'en prennent ouvertement à Azzedine Mihoubi. Tout en réclamant carrément son départ, ils reprochent au secrétaire général par intérim — "désigné normalement pour seulement trois mois", disent-ils — d'avoir engagé le parti, donc de s'être porté candidat à l'élection présidentielle du 12 décembre dernier sans "consulter les instances du parti". Un travail en solo que lui reproche également Seddik Chihab, l'ancien numéro 2 du RND du temps où Ahmed Ouyahia était aux commandes. La lettre des membres du conseil national va plus loin. Elle fait porter à Azzedine Mihoubi la responsabilité de "l'humiliation" du RND lors de la dernière échéance électorale. "Nous refusons de faire porter la responsabilité de cet échec aux militants du parti", note la courte missive, qui reproche également à Mihoubi le fait d'avoir traduit devant la commission de discipline du parti des militants et cadres du RND. Deux en sont d'ailleurs exclus pour ne pas avoir soutenu l'ancien ministre de la Culture lors de sa récente aventure électorale. Les signataires rappellent que le premier responsable du parti "n'est qu'un intérimaire" et qu'à ce titre, "il n'a pas le droit" d'actionner les mesures disciplinaires contre des cadres et militants. Cette levée de boucliers intervient au lendemain d'une annonce inédite au RND. La direction du parti a décidé, sous le couvert de la commission de discipline, d'exclure au moins deux cadres, dont la députée Amira Slim. Cette dernière avait précédé la décision en annonçant sa démission. Le député d'Alger et ancien porte-parole, Seddik Chihab, est concerné par des "mesures disciplinaires". Mais l'examen de son dossier est "reporté" à une date ultérieure. Le document de la commission de discipline n'en dit pas plus. Mais dans les rangs des militants du parti, tout le monde a compris que si Chihab n'a pas été exclu, c'est parce qu'il reste puissant au sein des appareils du parti. Il vient d'ailleurs de pondre un communiqué virulent où il rappelle ses positions "hostiles à la bande" proche d'Abdelaziz Bouteflika et appelle les "militants à être vigilants" face à "l'œuvre" de "déstabilisation du parti". Ces données vont certainement faire de la réunion, vendredi, du conseil national du RND, une séance houleuse.