Démontrant qu'ils sont déterminés à poursuivre jusqu'au bout leur lutte pour l'instauration d'un Etat de droit totalement débarrassé des symboles de l'ancien régime, les Annabis se sont mobilisés en force pour participer à la 48e marche du vendredi, hier. Une démonstration de force, qui est venue contredire ceux qui affirmaient que le hirak s'était essoufflé dans cette ville qui l'a vu naître, il y a presque onze mois, notamment ceux qui assuraient que les marches des étudiants n'avaient plus lieu, depuis deux semaines. Les citoyens de tous les âges et de toutes les conditions sociales sont venus de tous les quartiers et même des cités les plus éloignées, en réponse aux appels des organisateurs et des inconditionnels de la contestation populaire. Ils ont brandi des emblèmes aux couleurs nationales et battu le pavé des heures durant, en scandant : "Oua nkemlou biha ghir besalmia" (Nous continuerons à marcher pacifiquement) et "Chaâb yourid isqat ennidham" (Le peuple veut la chute du régime). Grossissant à vue d'œil, la foule a littéralement envahi les artères du centre-ville et tout particulièrement le Cours de la Révolution, transformant cette place publique mythique d'Annaba en un immense chaudron où il était difficile de se mouvoir. Placées en tête de la procession, des femmes, toujours aussi nombreuses qu'au début du hirak, ont déployé des banderoles géantes exigeant la libération des détenus d'opinion, en scandant : "Khaoua khaoua ouechaâb touahed ya el-khaouana". Un slogan repris en chœur par tous les manifestants depuis la placette de l'avant-port jusqu'au Palais de justice sous des applaudissements accompagnés de youyous.