Les habitants de Souk-Ahras sont sortis par milliers, hier, pour dire non à l'élection présidentielle et exiger la restitution du pouvoir au peuple souverain. Rassemblés par petits groupes sur la place des Martyrs à 13h30, les irréductibles du hirak, quelque 200 personnes se sont vu entourées, moins d'une demi-heure après, par une foule immense. Un renfort inattendu pour les organisateurs locaux du hirak, qui désespéraient de rééditer les marches imposantes qu'a vécues la ville chef-lieu de wilaya durant les premières semaines du mouvement. La véritable marée humaine qui a déferlé sur la place de l'Indépendance, inondant les rues qui y mènent aux cris de "Makanch l'vote mâa l'khaouana", "Chaâb yourid listiqlal" et "Djeïch chaâb khaoua khaoua". Des cris du cœur qui ont résonné des heures durant, tout au long de l'itinéraire emprunté par la procession depuis la place centrale de Souk-Ahras jusqu'au siège de la cour de justice. À ce niveau, les manifestants ont marqué une halte symbolique pour exiger la libération immédiate et inconditionnelle des détenus d'opinion qui croupissent dans les geôles du système et pour revendiquer l'indépendance de la justice. L'un des marcheurs n'aura pas été tendre avec la presse dont il a dénoncé l'asservissement à la "îssaba" qui tente de forcer le peuple à aller aux urnes dans le seul but de se recycler. "Les chaînes de TV publiques et privées ne passent aucune image des manifestations du hirak. Les seuls reportages qui sont diffusés par ces chaînes mercenaires sont ceux qui encensent les pro-élection. Elles maquillent même les images pour donner à leurs marches l'ampleur qu'elles n'ont pas. C'est tout simplement honteux", s'insurge ce manifestant.