Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, effectuera une visite de deux jours en Algérie, à partir de demain, ont annoncé les médias turcs. Outre les relations bilatérales, la crise en Libye et la présence militaire turque à Tripoli, en soutien officiellement au Gouvernement d'union nationale (GNA), internationalement reconnu, sereront inévitablement au cœur des discussions avec le président de la République Abdelmadjid Tebboune. Cette visite intervient dans un contexte de multiplication des tractations diplomatiques autour de la crise libyenne et une semaine après la conférence de Berlin sur la Libye, lors de laquelle il avait été ouvertement attaqué par son homologue français, Emmanuel Macron, quant à l'envoi par Ankara de mercenaires syriens en Libye pour combattre les troupes du controversé général Khalifa Haftar, bras armé des autorités parallèles de l'Est libyen. Selon certaines informations, plus de 2 000 mercenaires syriens sont ou seront envoyés en Libye, avec l'aide d'Ankara et seront rémunérés pour l'équivalent de 2 000 dollars. Ce que dément la Turquie, comme la Russie qui, elle aussi, se défend d'envoyer des mercenaires russes en soutien à Khalifa Haftar, alors que l'ONU est formelle à ce sujet : "Des mercenaires sont bel et bien présents en Libye et financés par des puissances étrangèresdont l'ingérence a aggravé la crise en Libye." Pour rappel, le GNA et la Turquie ont conclu en décembre dernier un accord maritime et militaire qui permet, entre autres, à Ankara, de déployer ses troupes sur le sol libyen si cela s'avère nécessaire. Mais pour le moment, la Turquie affirme n'avoir dépêché que 35 soldats pour servir de conseillers aux troupes du GNA, soulignant jeudi qu'aucun autre soldat supplémentaire ne sera envoyé pour l'instant. Cette décision intervient visiblement après les pressions exercées par l'ONU et l'Union européenne sur Ankara, en conflit aussi avec Bruxelles quant à son étrange accord maritime avec le GNA. Pour rappel, le chef de la diplomatie turque Mevlüt Çavuşoğlu est venu en Algérie le 7 décembre dernier pour défendre l'accord conclu par son pays avec le GNA et préparer certainement cette visite d'Erdogan, qui a reçu hier la chancelière allemande Angela Merkel à Ankara. "Le chaos qui règne en Libye risque d'avoir des effets sur toute la Méditerranée si le calme ne s'impose pas dans les plus brefs délais", a déclaré Erdogan lors de l'inauguration du nouveau campus de l'Université turco-allemande à Istanbul, en présence de Mme Merkel. "Il faut accélérer la résolution (du conflit) si nous ne voulons pas que les groupes terroristes comme l'Etat islamique et Al-Qaïda relèvent la tête", a ajouté le chef de l'Etat turc. "Mettre un terme à cette crise est notre objectif principal", a-t-il soutenu, alors que l'Allemagne et les autres pays voient son implication directe dans le conflit libyen comme un acte pouvant ouvrir la voie à l'internationalisation de la guerre dans ce pays, comme cela est le cas en Syrie voisine de la Turquie, où son armée est fortement impliquée.