Le président turc Recep Tayyip Erdogan a reçu dimanche, pour la deuxième fois en moins d'un mois, le dirigeant du Gouvernement libyen d'union nationale (GNA) Fayez al-Sarraj, quelques jours après avoir évoqué l'envoi de troupes en Libye pour le soutenir. Cette rencontre à huis clos, qui ne figurait pas sur l'agenda public du chef de l'Etat turc, s'est déroulée au palais de Dolmabahçe, situé sur la rive européenne d'Istanbul, a annoncé la présidence turque, sans autre précision. Lors d'une précédente rencontre, le 27 novembre à Istanbul, les deux hommes avaient signé un accord de délimitation maritime controversé et un accord de coopération sécuritaire autorisant l'envoi d'une éventuelle aide militaire turque. Ce dernier texte a été introduit samedi soir au Parlement turc pour être débattu et ratifié. Sans attendre, M. Erdogan a déclaré mardi que la Turquie était prête à déployer des troupes en Libye pour soutenir le GNA si celui-ci, qui fait face à un assaut des forces rivales du maréchal Khalifa Haftar, en faisait la demande. Interrogé à ce sujet dimanche lors d'un entretien à la chaîne de télévision A Haber, M. Erdogan s'est contenté de dire que "la Turquie décidera seule quelle initiative prendre" en cas de demande d'envoi de troupes de la Libye. "J'ai déjà dit que nous étions prêts à apporter toute sorte d'aide à la Libye", a-t-il ajouté. Signe de rapprochement entre les deux pays, Ankara a annoncé samedi que les Libyens âgés de moins de 16 ans ou de plus de 55 ans pourraient désormais se rendre en Turquie sans visa. La Libye est en proie à un conflit entre le GNA, reconnu par les Nations unies et appuyé par la Turquie et le Qatar, et le maréchal Haftar, homme fort de l'Est libyen soutenu par l'Egypte et les Emirats arabes unis, deux rivaux régionaux d'Ankara. Les forces de M. Haftar, qui mènent depuis avril une offensive contre Tripoli, ont annoncé jeudi une nouvelle "bataille décisive" pour s'emparer de la capitale. L'accord maritime conclu fin novembre entre la Turquie et la Libye a été vivement condamné par plusieurs pays, dont la Grèce et Chypre, car il permet à Ankara de revendiquer des droits sur de vastes zones en Méditerranée orientale riches en hydrocarbures. Après la signature de cet accord, le gouvernement turc a prévenu qu'il empêcherait toute exploration d'hydrocarbures sans son autorisation.