Ces assises constituent une étape dans un processus qui devra aboutir à la conférence nationale dont la date n'est pas arrêtée mais qui pourrait se tenir le 22 février prochain. Il y avait du monde hier au siège du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) où se sont tenues les assises des forces du Pacte de l'alternative démocratique (PAD). Outre les militants et responsables des partis et organisations de la société civile, composant ce conglomérat politique, il y avait aussi d'anciens détenus d'opinion, des étudiants, des avocats, des intellectuels et même des militants venus spécialement de l'étranger pour y prendre part. Fait quelque peu anecdotique : faute d'une autorisation de la wilaya d'Alger pour abriter leur rencontre dans une des salles de la Safex, les organisateurs ont tenu leurs travaux dans la cour du siège du RCD, en plein air et sous le soleil. C'est dire la détermination des animateurs du courant démocratique à aller jusqu'au bout de leur logique, c'est-à-dire offrir au pays une alternative crédible au système en place. Sitôt le bureau gérant les travaux installé et l'hymne national entonné, la présidente du bureau donnera la parole à Fetta Saddat (arabe), Hakim Saheb (tamazight) et Ahmed Djeddaï (français) pour faire lecture d'un "document fondateur" baptisé "la plateforme pour l'aboutissement démocratique de la révolution" qui "soumet des revendications et propositions politiques unitaires et fixe les principes fondamentaux du passage à un ordre démocratique réel tout en établissant les garanties des uns envers les autres." Tout en laissant la porte ouverte à tout citoyen ou organisation politique ou autre partageant la même vision et le même objectif de rejoindre leurs rangs, les forces engagées dans le PAD ont fait part de leur ambition de "mutualiser pacifiquement un rapport de force populaire organisé en vue de faire aboutir l'exigence d'une transition démocratique en rupture avec le système autoritaire à travers un processus constituant souverain". Loin d'être une fin en soi, la rencontre d'hier est présentée comme "une étape d'un processus ouvert d'organisation des forces de la révolution en prélude à une conférence nationale vouée à la conception et à la mise en place de la transition démocratique et du processus souverain". Une conférence qui pourrait avoir lieu le 22 février prochain, selon un participant. Après avoir rappelé les valeurs et principes fondamentaux qui sous-tendent son action (Etat civil, démocratique et social ; séparation et équilibre des pouvoirs ; indépendance effective de la justice, égalité en droits entre l'homme et la femme, etc), les forces du Pacte de l'alternative démocratique ont décliné leurs propositions pour "une solution démocratique et pacifique à l'impasse du système autoritaire", à savoir l'"ouverture d'un processus démocratique authentique", la tenue d'"une conférence nationale indépendante du système pour l'alternative démocratique" et la mise en branle d'"une transition démocratique autonome et un processus constituant souverain". Parce que "la contre-révolution s'obstine à maintenir le système pour protéger les prédations passées et garantir leur pérennité", les forces vives de la nation sont, a estimé le PAD, "mises au défi de se rassembler autour des revendications populaires, démocratiques et sociales pour consacrer la victoire de la souveraineté nationale". Après quoi la parole a été donnée aux représentants des partis et organisations constituant le PAD qui ont tous porté au pinacle la révolution du sourire et insisté sur la nécessité d'en finir avec l'actuel système. Le président du RCD, Mohcine Belabbas a plaidé pour "un nouveau contrat social" qui est à ses yeux "synonyme d'un nouveau départ pour le pays." N'accordant point de crédit aux "monologues habituels du régime", M. Belabbas a estimé nécessaire d'engager un "dialogue national pluriel" dans le but de "rapprocher les points de vue et mettre les bases fondatrices de la nouvelle Algérie". Le président de l'instance présidentielle du Front des forces socialistes (FFS), Ali Laskri, a dénoncé, dans son intervention lors des débats, l'entreprise de "normalisation autoritaire" menée par le pouvoir en place qui, selon lui, "n'a donné aucun signe d'ouverture politique depuis le 12 décembre 2019, voire depuis le 22 février 2019". Pour lui, le seul dialogue qui vaut la peine d'être engagé est celui proposé par le PAD via une conférence nationale mais sans le système en place. Pour le représentant du Parti des travailleurs, Ramdane Taâzibt, rien n'a changé depuis le 22 février 2019. "En revendiquant dans tout le pays depuis 49 semaines le départ du régime/système, le peuple algérien met le doigt sur la racine du mal qui ronge le pays", a-t-il soutenu.