Des milliers d'Irakiens ont une nouvelle fois manifesté hier à Bagdad et dans plusieurs villes du sud du pays pour rejeter les offres de la classe politique pour la formation d'un nouveau gouvernement, tout en réclamant l'organisation d'élections anticipées, seule voie de sortie de crise, selon les protestataires. Cette journée de mobilisation intervient après expiration du délai donné au Parlement par le président Barham Saleh pour nommer un Premier ministre, en remplacement de l'actuel Premier ministre, M. Abdel Mahdi. Ce dernier, sous la pression de la rue et des dignitaires religieux chiites, a démissionné en décembre après tout juste un an au pouvoir. Faute d'accord des partis politiques sur son successeur, il continue à gérer les affaires courantes, tandis que les manifestations se poursuivent dans un Irak également confronté à un pic de tension entre ses deux principaux alliés, l'Iran et les Etats-Unis. Pour sortir de cette impasse, le président irakien a donné au Parlement un ultimatum, le sommant de désigner un nouveau Premier ministre, menaçant de le nommer lui-même si le successeur de M. Abdel Mahdi n'était pas choisi hier samedi. Mais malgré les négociations entre les partis, aucun consensus n'a pu émerger, après une nouvelle semaine meurtrière dans le pays. Depuis le début de la contestation début octobre, plus de 600 personnes ont été tuées, la plupart par balles réelles, lors de répressions violentes menées par les forces de l'ordre ou par des milices pro-Iran, selon les manifestants et les différents rapports d'ONG de défense des droits de l'Homme activant en Irak. Lors des manifestations de vendredi, après la grande prière, des tirs ont résonné dans le ciel de la capitale irakienne, provoquant des mouvements de panique parmi les manifestants. D'après des médias locaux, les forces de sécurité ont tiré sur les manifestants avec des fusils à plomb. Plusieurs manifestants, cités par des médias sur place, ont affirmé que cette répression s'est accentuée depuis que l'influent leader chiite Moqtada Sadr a retiré son soutien à la contestation la semaine dernière. "Une trahison", pour beaucoup d'Irakiens. Mais la mobilisation ne semble pas pour autant s'essouffler.