Les récentes déclarations du président français, Emmanuel Macron, au sujet du "conflit mémoriel" entre l'Algérie et la France continuent de faire de vagues. Le chef de la diplomatie français emboîte le pas ainsi au chef de l'Elysée pour dire son souhait que les deux pays "travaillent" ensemble, afin de dépasser cette question qui fâche. Jean-Yves Le Drian estime, en effet, que "la question qui se pose dans les relations entre la France et Algérie sur la mémoire, la manière dont les uns et les autres avons vécu ce conflit, reste là. Et il faudrait que nous ayons ensemble un travail de mémoire". C'est pour cela qu'il a précisé, dans une interview accordée hier au quotidien Le Figaro, qu'il "faudrait que nous ayons ensemble un travail de mémoire". Mais en affirmant cela, le ministre français veut éviter la comparaison, osée dans un premier temps par Macron avant de se rétracter, à la Shoah. "La Shoah est un crime insupportable, comparable à rien, nulle part ailleurs, il faut le reconnaître comme tel", a rappelé Le Drian, qui reprend quasiment mot à mot les propos d'Emmanuel Macron. Le ministre français estime qu'"un travail de mémoire" est souhaitable entre la France et l'Algérie "sur la manière dont les uns et les autres avons vécu". Mais tout en rappelant que les autorités algériennes "souhaitent ce processus" de travail sur la mémoire, le ministre français indique que les Français avaient, eux aussi, "besoin d'avoir sur ce sujet-là un moment de rappel historique et de vérification". S'il ne dit pas clairement que les relations algéro-françaises ont été empoisonnées par le dossier de la mémoire, Jean-Yves Le Drian montre de l'optimisme pour que les choses aillent dans le bon sens avec l'avènement d'un nouveau pouvoir en Algérie. "Nous avons en Algérie une situation qui est complètement nouvelle, qui va sans doute engager des évolutions significatives de ce pays", a estimé le ministre des Affaires étrangères. Il ajoutera que "de nouvelles perspectives s'offrent pour les relations entre la France et l'Algérie. Si la mémoire partagée peut faire partie de cet ensemble nouveau, ce serait une très bonne nouvelle pour tout le monde", a dit le ministre, qui fait sans doute écho aux affirmations du communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères qui a affirmé, dans un communiqué, que les propos tenus par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, "ne concourent pas aux efforts consentis par l'Algérie et la France" pour leur règlement du conflit mémoriel. Une affirmation qui pourrait signifier que des discussions sont en cours pour régler cette question. La semaine dernière, le président français, Emmanuel Macron, avait confié à des journalistes qu'il fera sur la guerre d'Algérie "ce qu'a fait Jacques Chirac sur la Shoah", allusion à la reconnaissance officielle, par l'ancien chef de l'Etat français, des crimes commis contre les juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Le propos a suscité une levée de boucliers dans les milieux de la droite française, ce qui a poussé Macron à rappeler que "la Shoah n'est comparable à rien d'autre".