Elles représenteront moins d'un an d'importations d'ici à 2022. Les réserves de changes de l'Algérie, soit le stock de son épargne en devises, continuent à s'évaporer pour n'être plus que de 62 milliards de dollars actuellement, contre 72,6 milliards de dollars à fin avril dernier, a indiqué hier à l'APS le gouverneur de la Banque d'Algérie (BA), Aïmen Benabderrahmane. Ainsi, en l'espace d'à peine une année, l'encours des réserves officielles de changes, gage de solvabilité extérieure du pays et de son pouvoir d'achat à l'international, a de nouveau chuté de plus de 10 milliards de dollars, alors que les pouvoirs publics peinent encore à maîtriser le rythme des dépenses à l'importation et à réduire les déficits externes, dans un contexte de contraction soutenue des recettes en devises. Amorcée en 2014, suite à la chute des prix du pétrole, la tendance à l'érosion du matelas de devises de l'Algérie devra se poursuivre dans les mêmes proportions durant les quelques années à venir, si l'on tient compte des prévisions intégrées dans les cadrages macroéconomiques de la loi de finances en vigueur. En effet, selon ces projections officielles, même avec le recul attendu du déficit de la balance des paiements, l'encours des réserves de changes devra connaître une nouvelle contraction de l'ordre de 10 milliards de dollars sur une année pour s'établir à 51,6 milliards de dollars à fin 2020, soit l'équivalent de moins d'une année et demie d'importations. Cette tendance baissière devrait du reste se poursuivre sur les deux prochaines années, l'épargne en devises du pays devant ainsi se situer à quelque 45 milliards de dollars en 2021, puis à 40 milliards de dollars durant l'exercice suivant, soit une couverture d'à peine 10 mois d'importations à l'échéance 2022. Très peu rassurantes, ces projections s'appuient pourtant sur la perspective plutôt optimiste d'un niveau de déficit de la balance des paiements en baisse à 8,5 milliards de dollars l'année prochaine, contre 16,6 milliards de dollars à fin décembre dernier, avec des dépenses à l'importation attendues à la baisse de 13,6%, un prix du pétrole prévu à 60 dollars le baril et des recettes d'exportations d'hydrocarbures en progression de 2%, selon les cadrages de la loi de finances 2020. Aussi, malgré l'atténuation ainsi escomptée des déficits externes du pays, la chute des réserves de changes restera soutenue, tandis que les fluctuations à prévoir de la valeur de la monnaie nationale risquent de contrarier à terme la perspective d'un recul de la facture d'importation. De fait, dans le sillage de la dégradation des fondamentaux économiques et du recul des réserves en devises, le taux de change officiel, tel que le prévoient les projections du gouvernement, devrait encore baisser à 123 DA pour un dollar dès l'année prochaine, puis à 133 DA pour un dollar d'ici à 2022. À souligner que de l'avis de nombreux experts, une chute probable des réserves officielles de changes à un niveau de moins de 10 milliards de dollars risque d'entraîner une forte dévaluation du dinar et par conséquent une très forte hausse du niveau d'inflation.