Le président de la Russie ne veut plus se laisser conter par l'état du monde tel qu'il s'est établi après la chute du mur de Berlin. Poutine ne cache plus ses velléités de retour à la grandeur de son pays du temps de l'ex-Union soviétique et du monde divisé en trois, l'Occident, l'Est et les non-alignés. Après des manœuvres militaires avec la Chine et dont l'objectif est de signaler aux Etats-Unis qu'ils n'ont plus la voie entièrement libre, Poutine tente de ranimer la CEI (Communauté des Etats indépendants) en proposant sa réforme aux dirigeants de ses membres, douze ex-républiques soviétiques. Le sommet de la CEI, qui s'est tenu à Kazan (Tatarstan), doit donner une réponse sur l'avenir de cette organisation, créée après la dislocation de l'Urss en 1991 et qui vit la plus grave crise de son existence. Alors que les membres pro-occidentaux de la CEI comme l'Ukraine et la Géorgie prennent leurs distances des structures menées par Moscou, la Russie a l'intention de changer radicalement sa politique dans l'espace post-soviétique, se fondant sur sa mainmise économique. Moscou subventionne de facto l'économie de la CEI en lui fournissant de l'énergie à bas prix alors que les Etats-Unis n'arrêtent pas de marquer des points dans ces pays à travers de mouvements pacifistes qui déboulonnent les pouvoirs en place autoritaires et patrimoniaux. La Géorgie et l'Ukraine, auxquelles Moscou fournit de l'énergie à bas prix, ont été le théâtre de révolutions en 2003 et 2004 ayant porté au pouvoir des leaders pro-occidentaux. D. B.