Le sommet africain, à Addis-Abeba, est un test majeur pour l'organisation continentale, d'autant plus que Russes et Turcs ont déjà pris à bras-le-corps ce dossier. L'Union africaine (UA) tiendra son 33e sommet continental aujourd'hui et demain à Addis-Abeba (Ethiopie), avec pour principal défi la relance du processus politique pour la résolution du conflit libyen. Il s'agit d'un enjeu de taille pour l'organisation panafricaine qui cherche à peser sur ce dossier épineux, alors que Russes et Turcs se sont montrés très actifs ces dernières semaines, à telle enseigne qu'ils ont fini par s'imposer comme acteurs principaux dans l'équation libyenne. Concrètement, selon des sources citées par l'APS, l'UA va proposer une mission d'observateurs conjointe avec l'ONU pour surveiller le respect de cessez-le feu en Libye, alors que les deux camps rivaux sont prêts à négocier une trêve durable. "Une fois la cessation des hostilités signée, l'Union africaine va proposer une mission d'observateurs conjointe avec l'ONU pour veiller au respect effectif du cessez-le-feu sur le terrain", a confié hier cette source à l'APS. La proposition de l'Union africaine intervient au lendemain des pourparlers de Genève entre belligérants libyens. Les deux parties ont accepté la semaine passée de transformer la "trêve" en un "cessez-le-feu durable", mais les conditions ne sont pas encore établies. Le Conseil de la paix et de la sécurité de l'UA (CPS) se réunira en sommet pour "sécuriser une démarche africaine adaptée qui aidera à fixer le cessez-le-feu, le respect de l'embargo sur les armes et la cessation des interférences en Libye", a déclaré jeudi le commissaire à la paix et la sécurité de l'UA, Smaïl Chergui. Le sommet réunira les chefs d'Etat membres du CPS en plus du Premier ministre libyen Faïz Essaraj, le SG de l'ONU, Antonio Guterres, et le président du comité de haut niveau de l'UA sur la Libye, le président congolais Sessou Nguessou. Trois autres chefs d'Etat, conviés à ce sommet pour discuter notamment de la crise au Sahel entremêlée à celle de la Libye : le Burkinabé Roch Marc Christian Kaboré, président du G5 Sahel et du processus de Nouakchott ; le Sud-Africain Cyril Ramaphosa et le Nigérien Issoufou Mahamadou, président de la Cédéao. Lors de ce sommet, les participants examineront en outre les conclusions de la réunion du Comité de haut niveau sur la Libye à Brazzaville, le 30 janvier, celles du Congrès de Berlin, le 19 janvier, ainsi que les acquis de la réunion des pays frontaliers de la Libye qui s'est tenue le 23 janvier à Alger. Ces conclusions devraient permettre à l'UA de "déterminer les mesures opérationnelles pour rendre le comité de haut niveau plus proactif et de définir la contribution de l'Afrique à la cessation effective des hostilités", a indiqué M. Chergui, en poursuivant qu'"il est important que notre démarche de réconciliation soit inclusive, et qu'elle aille au-delà des deux parties qui s'affrontent sur le terrain". "Nous devons toucher tous les intervenants et parties libyennes qui peuvent nous aider à dessiner une solution durable à ce conflit", a-t-il encore précisé en appelant, par ailleurs, à ce que l'Afrique parle d'une seule voix. "Jusqu'à maintenant, l'Afrique ne parlait pas à l'unisson (…) L'objectif de cette réunion sera de renforcer la voix de l'Afrique et d'amener tous les Africains à parler d'une même voix", a soutenu M. Chergui, en insistant sur l'importance primordiale pour les pays africains de se ressaisir de ce dossier.