Le plan d'action du gouvernement, dévoilé tout récemment, y fait "discrètement" mention à travers des tableaux en annexe. Officiellement asséché depuis février 2017, en conséquence à la crise pétrolière, le fameux Fonds de régulation des recettes (FRR) est de nouveau alimenté, pour la première fois en deux ans, affichant ainsi un solde positif de 305 milliards de dinars à fin décembre dernier. Le plan d'action du gouvernement, dévoilé tout récemment, y fait "discrètement" mention à travers des tableaux en annexe, sans évoquer l'origine de ce petit surplus financier, ni l'usage auquel il sera destiné, alors que le texte de la loi de finances en vigueur n'y fait aucune référence. Interrogés, des responsables proches de la Banque d'Algérie (BA) nous expliquent qu'il ne s'agit en fait que d'un simple artifice comptable, dès lors que le train des dépenses publiques prévues pour cette année et les niveaux de déficits budgétaires et du Trésor qu'il charrie ne peuvent permettre d'inscrire un quelconque crédit à l'actif du FRR. Les colossaux tirages opérés précédemment au titre du "dispositif de la planche à billets" avant sa suspension officielle à la mi-2019, mais également les quelques plus-values tirées de la fiscalité pétrolière au titre du même exercice ont ainsi induit un certain différentiel de recettes par rapport à l'exécution des dépenses budgétaires inscrites dans la précédente loi de finances, d'où cette injection de ressources au FRR pour des besoins de gestion, relèvent encore nos interlocuteurs. Cependant, anticipent-ils, ce Fonds ne restera que très momentanément alimenté avant d'être de nouveau épuisé, au vu de l'absence de surplus de recettes en prévision et de l'importance des dépenses et des déficits attendus pour l'exercice en cours. "La loi de finances de 2019 étant basée sur un prix de référence du baril de pétrole à 50 dollars, toutes les recettes engrangées au-dessus de ce cours sont d'abord affectées au Fonds de régulation des recettes avant d'être ensuite utilisées pour servir au financement des énormes déficits publics", nous précise, dans le même ordre d'idées, le professeur d'économie et finances, Nour Meddahi. Aussi, estime-t-il, l'argent injecté au FRR ne reflète qu'"un simple jeu d'écriture découlant d'obligations légales, avant que ce Fonds soit de nouveau vide", et ce, d'autant que le nouveau Premier ministre vient de faire état d'engagements pris par le gouvernement précédent à hauteur de 1 000 milliards de dinars, sans que soient prévus en conséquence les financements nécessaires pour leur couverture. Quoi qu'il en soit, le manque de communication autour des quelques ressources injectées récemment au FRR vient rappeler surtout les pratiques de "gymnastique comptable" et le défaut de transparence qui caractérisent souvent la gestion des comptes spéciaux, en particulier, et celle de la politique budgétaire, dans son ensemble. Depuis sa création en 2000 jusqu'à son asséchement en 2017, le Fonds de régulation des recettes avait d'ailleurs souvent été critiqué comme tenant lieu de "caisse noire" de l'Etat, car géré parallèlement au budget officiel, tel que celui-ci est présenté annuellement devant le Parlement à travers les projets de lois de finances.