Le chef de l'Etat vient de donner des instructions pour que les projets inclus dans le programme d'investissement du secteur de l'hydraulique, destinés à distribuer l'eau H/24 à la majorité de la population, soient bouclés en 2008. Les disponibilités actuelles permettent de couvrir les besoins en eau de la population au Centre et à l'Est jusqu'à l'année prochaine, a-t-on appris auprès d'un haut responsable de l'hydraulique. Les réserves, en un mot, permettent d'assurer une distribution continue d'ici à septembre 2006 aux consommateurs des régions Centre et Est. Autrement dit, de quoi passer entre autres le Ramadhan 2005 et l'été prochain sans difficultés. De façon plus précise, le barrage de Keddara accumule au 24 août 2005 118 millions m3. De quoi assurer 340 000 m3/jour à partir de l'ouvrage pendant un an, précisément 395 jours, le reste des besoins, estimés à plus d'un an 600 000 m3/jour, dans la capitale étant fourni par les forages et les barrages d'appoint, le système SAA, c'est-à-dire de Ghrib, Boukourdane et Bouroumi. Le taux de remplissage des barrages au Centre est de 47%. À l'Est, la situation est plus favorable. Les réserves des barrages permettent d'avoir une disponibilité de plus d'un an. Le taux de remplissage est de 53%. Les barrages de Aïn Zada, Aïn Dalia, Hammam Debagh (Guelma), de Zit El-Emba et Béni Zid (Skikda), Cheffia (Annaba) sont presque pleins. Celui de Hammam Grouz, qui alimente Constantine, a un taux de remplissage de 69%. Il accumule 27 millions de m3. En revanche, la situation des réserves en eau des barrages reste catastrophique à l'Ouest. Le taux de remplissage n'est que de 13%. Les wilayas les plus touchées sont Oran, Tlemcen, Sidi Bel-Abbès, Aïn Témouchent et Mascara. “Si d'ici octobre-novembre, il ne pleut pas, il faut s'attendre au pire”, avertit la même source. Comme ce fut le cas à Alger en 2002, tout repose sur le programme d'urgence dans cette région. De l'eau H/24 pour Tizi Ouzou en 2006 Actuellement, la ville de Tizi Ouzou bénéficie d'une alimentation en eau potable continue grâce à l'apport du barrage de Taksebt. Les travaux de transfert à partir de cet ouvrage, qui ont déjà commencé, devraient assurer dès 2006 l'eau H/24 à Tizi Ouzou et une bonne partie de la wilaya. En effet, le cahier des charges fixe à la société canadienne SNC Lavalin qui a remporté le marché, un délai d'un an maximum après le lancement du chantier pour approvisionner la ville et les localités avoisinantes sans discontinuité. Ce sera la première ville qui bénéficiera d'une telle dotation dans le cadre des projets en cours de réalisation dans le nord du pays. Six mois plus tard, ce sera le tour de Drâa El-Mizan et d'Azazga ; deux ans après, ce sera au tour des habitants des wilayas d'Alger et de Bourmerdès d'être alimentés en eau H/24. Toute la wilaya de Tizi Ouzou sera alors alimentée en eau H/24, les travaux de transfert du barrage du Taksebt auront été totalement bouclés. Actuellement, l'ouvrage accumule 120 millions de m3. De l'eau en abondance à Alger et les wilayas de l'Est en 2007 Avec l'achèvement des travaux de transfert à partir du barrage de Béni Haroun prévu en 2007, ce sont les wilayas de Constantine, de Sétif, de Batna, de Khenchela et d'Oum El-Bouaghi qui bénéficieront de l'eau H/24. En 2008, le complexe Mao sera bouclé. Ce sera le tour d'Oran et de Mostaganem, affirme la même source. Mais, attention, la question est de savoir si ces échéances seront respectées et si on revient à une bonne gestion des ressources en eau. Ce qui est sûr, c'est qu'avec le choix de sociétés étrangères pour ces chantiers, il est garanti que les délais ne seront pas dépassés, du moins de quelques mois seulement. la mauvaise gestion : 400 millions de mètres cubes d'eau inutilisés Il ne s'agit pas seulement d'avoir une disponibilité en eau et l'adduction nécessaire, encore faut-il que le réseau de distribution suive. Les chantiers de réhabilitation des réseaux d'AEP devraient également connaître une cadence accélérée pour qu'enfin une bonne partie de l'eau ne soit pas perdue dans les conduites. Ce sera l'indice de la bonne ou mauvaise gouvernance des ressources hydriques. L'héritage de la mauvaise gestion dans le secteur est déjà si lourd : 400 millions de mètres cubes ne sont pas, ou presque, utilisés à cause d'une programmation déficiente, soit de quoi alimenter 7 millions d'habitants, Alger et Oran réunies. C'est le cas des barrages de Béni Haroun (Mila), Taksebt, Tilesdit (Bouira) et Koudiat Medouar (Batna). En effet, ils ne servent presque à rien puisque les travaux de transfert devant acheminer l'eau de ces ouvrages vers les robinets des usagers ne sont pas encore finis. Les instructions du chef de l'Etat Pour mettre fin à cette situation, le chef de l'Etat vient d'instruire les responsables du secteur pour que, dans les nouveaux projets, les appels d'offres et les travaux de construction de barrages et de réalisation des transferts soient lancés en même temps. “Il faudrait qu'en 2008, tous ces gros chantiers soient bouclés. Il nous demande d'achever en quelques années ce que l'Algérie n'a pas réalisé en 40 ans d'indépendance”, observe la même source. Dans le scénario optimiste, c'est-à-dire de maîtrise des projets, les problèmes de restriction d'eau seront réglés. Une alimentation en eau H/24 sera assurée en 2008 pour la majorité de la population. Dans le scénario pessimiste, c'est-à-dire l'habituelle tendance à gérer les projets de façon peu rigoureuse, il est clair que les Algériens vont conserver bon an mal an leurs jerrycans. Dans ce cas, ces carences peuvent être interprétées comme une volonté délibérée de maintenir la population sous le joug des difficultés d'accès à des services élémentaires. À des fins politiques. N. Ryad