Le chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, a nommé, hier, Karim Younès au poste de médiateur de la République. Un rappel aux affaires qui sonne comme une récompense. Karim Younès, ancien président de l'Assemblée nationale, était le coordinateur de l'Instance nationale de dialogue et de médiation. Le dialogue mené par Karim Younès a tourné exclusivement autour de la présidentielle. La mission "assurée" par l'ancien président de l'APN a essuyé beaucoup de critiques et d'attaques. Karim Younès n'avait pas pu réunir grand monde autour de son projet de médiation et de dialogue, surtout que la rue s'était montrée hostile au dialogue et à la présidentielle. Il avait remis son rapport final au mois de septembre de l'année dernière. Dans son rapport, l'Instance qu'a présidée Karim Younès a mis en avant la nécessité de procéder à des changements de textes législatifs. Le premier modifiant et complétant la loi organique portant régime électoral et le second portant création d'une autorité nationale indépendante chargée des élections. C'est ce qui a été réalisé, entre autres, avec l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie), présidée par l'ancien ministre de la Justice, Mohamed Charfi. Une fois cette mission achevée, Karim Younès s'est retiré, mais uniquement pour une courte période, puisqu'il est revenu, cette fois, pour occuper un poste ressuscité que les pouvoirs publics avaient institué durant les années 90 avant de l'enterrer quelques années après sa création pour échec de la mission. Le poste qu'occupe désormais Karim Younès a pour mission de rapprocher l'administration du citoyen, comme conçu durant les années 90. Cet organe avait pour mission d'interagir entre une autorité publique et le citoyen en cas de conflit. Il faut rappeler que le médiateur de la République a été institué au milieu des années 90 et c'est le défunt Abdesselam Habachi qui l'avait occupé en 1995. L'une de ses phrases devenue célèbre depuis est : "Nhabak ya chaâb" (Ô peuple je t'aime). Feu Abdesselam Habachi n'avait pas résisté longtemps, à cause de la non-adhésion de l'administration dans le processus de règlement des conflits avec les citoyens, même si, pour rappel, le médiateur de la République de l'époque avait reçu des milliers, voire des millions de requêtes de citoyens, toutes restées sans réponse. Reste à savoir si Karim Younès aura les coudées franches pour mener à bien cette nouvelle mission, compte-tenu de la situation que vit le pays, où se suffira-t-il de quelques apparitions publiques en guise d'effet d'annonce ?