Les ingérences étrangères demeurent un sérieux obstacle devant le retour de la paix en Libye, même s'il ne faudrait pas ignorer non plus les rivalités personnelles et tribales dans ce pays voisin. Le Gouvernement d'union nationale (GNA) a suspendu mardi soir sa participation aux discussions de Genève, après le bombardement qui avait ciblé durant la même journée le port de Tripoli et certains quartiers de la capitale, faisant au moins trois morts et des blessés. "Nous annonçons la suspension de notre participation aux pourparlers militaires qui se déroulent à Genève jusqu'à ce que des positions fermes soient adoptées à l'encontre de l'agresseur (Khalifa Haftar) et ses violations" de la trêve, a indiqué le GNA dans un communiqué, dénonçant cette énième violation de la trêve du 12 janvier. "Il est clair que l'objectif des bombardements systématiques des zones résidentielles, de l'aéroport et du port, en plus du blocage total des installations pétrolières, est de provoquer des crises pour les citoyens dans tous les aspects de leur vie", a noté le communiqué. Selon le GNA, ayant "échoué militairement à s'emparer du pouvoir, l'agresseur (Haftar) tente, en vain, de créer un état de confusion pour déstabiliser" la population. Les parties libyennes se sont retrouvées mardi matin à Genève dans le cadre des discussions du comité militaire libyen mixte "5+5", sous l'égide de l'ONU. Amin al-Hachemi, porte-parole du ministère de la Santé, a confirmé la mort de trois civils et le bilan de cinq blessés dans ces bombardements qui ont touché l'université de Tripoli et des quartiers résidentiels d'al-Hadhaba. Malgré la reprise des violences depuis une semaine, le GNA s'est gardé de toute réaction radicale, ayant espéré un arrêt des hostilités pour mettre en œuvre la déclaration de Berlin du 19 janvier, suivie par une résolution du Conseil de sécurité demandant aux parties libyennes un "cessez-le-feu" durable et permanent. D'ailleurs, le GNA a dénoncé "le mépris continu" de cette résolution du Conseil de sécurité, adoptée la semaine dernière, et des décisions du sommet international de Berlin, où le chef du GNA, Fayez al-Serraj, et Khalifa Haftar ont refusé de se rencontrer. "Sans un cessez-le-feu durable (...) les négociations n'ont aucun sens. Il ne peut y avoir de paix sous les bombardements", a souligné le GNA. Mais Haftar, bras armé des autorités parallèles de l'Est libyen, conditionne le cessez-le-feu par le départ de la Turquie du sol libyen, la dissolution des milices et le départ des mercenaires dépêchés par Ankara ces dernières semaines, en soutien au GNA. Bénéficiant du soutien des Emirats arabes unis, de l'Egypte, de l'Arabie Saoudite, de la Jordanie, mais aussi de la Russie et de la France, le général à la retraite a lancé une vaste opération de conquête de Tripoli depuis le 4 avril 2019, provoquant une nouvelle crise humanitaire en Libye, outre les 2000 morts, dont des civils, et plus de 15 000 blessés.