Bush peut se frotter les mains, la Constitution de l'Irak post-Saddam a été signée, hier, par une écrasante majorité des membres du comité de sa rédaction. Cette signature, obtenue sous la pression des Etats-Unis, dont l'ambassadeur à Bagdad a toujours été présent lors des négociations entre kurdes, chiites et sunnites sur l'avenir de leur pays, ouvre la voie à l'adoption du texte par le Parlement, dont la réunion était prévue dans la journée d'hier. Pour y parvenir, il a fallu négocier pas à pas et, en cela, c'est vraiment une première dans la région. Sans oublier que les travaux se déroulaient dans un pays complètement exsangue et sous le feu nourri d'un terrorisme qui n'épargne personne. Le projet est présenté par ses signataires comme le fruit de compromis entre chiites d'obédiences diverses, kurdes, arabes sunnites, laïcs et communistes. Selon des informations qui avaient filtrées au moment du bouclage, la version amendée reconnaît la région autonome du Kurdistan mais renvoie à la prochaine assemblée la question générale d'un système fédéral pour l'Irak et de son application. En ce qui concerne le parti Baas, le texte fait référence seulement à la période au cours de laquelle il a été dominé par le président déchu, Saddam. Au total, 14 amendements ont été apportés au texte par rapport à sa version présentée le 22 août au Parlement, a précisé ce parlementaire. Les 15 sunnites invités à participer aux travaux de rédaction du projet de Constitution présents lors de la cérémonie ont paraphé le texte. Les kurdes sont satisfaits dans la mesure où leur autonomie reste intacte, alors que les chiites qualifient les amendements de minimes et non fondamentaux. Tout le monde n'est pas totalement satisfait, mais c'est un bond en avant, assure-t-on aux Etats unie. Le président irakien Jalal Talabani serait intervenu personnellement auprès des sunnites pour trouver cette ultime chance de compromis. Ces derniers avaient exprimé de sérieuses réserves sur la question fédérale, exigeant de faire de l'islam la source principale de la législation, de l'arabe la langue officielle du pays et du kurde la langue officielle du seul Kurdistan et que l'Irak appartienne aux mondes arabe et musulman. La libération d'un millier de détenus de sunnites du centre de détention d'Abou Ghraib était considérée comme un geste du chef de l'Etat irakien à l'égard des sunnites, incités à faire partie du compromis. D. B.