Le Parlement irakien a décidé de reporter d'une semaine, au 22 août, la date de la remise du projet de Constitution, les dirigeants politiques n'étant pas parvenus à temps à un accord sur les points du litige. Les dirigeants irakiens ont repris leurs négociations sur le projet de Constitution, après avoir manqué le rendez-vous de la présentation du texte au Parlement. Ils ont une semaine pour aboutir, conformément à l'amendement de la Loi fondamentale, passé tard dans la soirée de lundi. Dans le cas contraire, le Parlement serait dissous et des élections générales devaient être organisées. Ce qui est d'autant improbable que Washington refuse de se projeter dans une autre aventure sans issue. Bush a pris acte du report mais engage les rédacteurs à terminer le boulot. Les responsables du pouvoir intérimaire irakien n'ont d'autre choix que d'achever le travail dans le nouveau délai, devait-il livrer dans une déclaration. Washington, soucieux de voir les dirigeants irakiens respecter le calendrier de transition politique prévoyant un référendum sur la Constitution le 15 octobre et des élections le 15 décembre, n'ont cessé de multiplier des déclarations rassurantes. En dépit de la complexité des questions qui restent à régler, notamment celle du fédéralisme rejeté avec force par les sunnites et de la place de l'islam, objet d'un différend entre chiites et Kurdes. La difficulté vient du fait que le texte doit satisfaire tous les Irakiens dont la mosaïque a été libérée à la suite de la chute du régime de Saddam. Le Premier ministre irakien, un chiite, a fait part de son appréhension de voir le pays revenir au point de départ en cas d'échec des négociations, alors que le président irakien, le Kurde Jalal Talabani, se veut plus rassurant. ‘Nous avons déployé de grands efforts et nous avons atteint un accord sur des questions importantes, mais ce texte décisif a besoin de temps”, devait-il déclaré devant l'Assemblée nationale avant l'adoption de la procédure permettant de rallonger d'une semaine le délai de remise du projet de Constitution. La majorité des 237 députés présents, sur 275, a voté à main levée pour l'amendement de la Loi fondamentale (Constitution provisoire), donnant une semaine de plus aux discussions. Les groupes politiques avaient entamé leurs débats sur le projet de Constitution le 7 août, à la demande du comité de rédaction de la Constitution, qui n'avait pu dégager un consensus sur 18 points épineux. Les négociations se sont déroulées en présence de l'ambassadeur des Etats-Unis à Bagdad. Apparemment, le blocage se situe autour du fédéralisme. Les Kurdes et les chiites sont favorables à un Etat fédéral, ce à quoi s'opposent farouchement les sunnites qui craignent d'en faire les frais, étant dans une zone dépourvue de richesses pétrolières. Les chiites ont revendiqué un statut similaire aux Kurdes, autonomes depuis 1991, alors que les sunnites réfutent l'idée même d'autonomie, estimant qu'ils vont se retrouver cantonnés dans le centre, sec et aride du pays, alors que les deux autres communautés ont le pétrole. À cela, des lignes de fracture séparent les religieux et les laïcs sur le rôle de l'islam, les uns voulant en faire l'unique source de la loi et les autres l'une de ses sources. Sunnites et chiites plaident pour la primauté de l'islam, tandis que les Kurdes restent attachés à un Etat laïc. Il se trouve même des chiites pour revendiquer une république islamique à l'identique de celle de l'Iran. Pour lever les obstacles, les négociateurs doivent présenter une Constitution qui garantie le partage des richesses du pétrole à l'ensemble des composantes irakiennes. Washington minimise la crise L'ambassadeur des Etats-Unis à Bagdad, Zalmay Khalilzad, partie prenante aux négociations, a également reconnu la nécessité de donner du temps à la négociation en revoyant ses ambitions à la baisse estimant que les leaders politiques avaient besoin d'une semaine à dix jours encore pour parvenir à un accord. Bush, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, a salué les efforts “héroïques” des négociateurs irakiens, affirmant apprécier leur travail pour résoudre les problèmes par la négociation et le dialogue. Sa secrétaire d'Etat Condoleeza Rice a également fait preuve d'optimisme en se déclarant “confiante” quant au déroulement du processus en Irak qui prévoit un référendum au 15 octobre et dans la foulée, des élections le 15 décembre prochain. Khalilzad, qui participe activement aux négociations inter-irakiennes pour la constitution de l'Irak post-Saddam, a concédé le nouveau délai d'une semaine, reconnaissant sur la chaîne ABC que les Etats-Unis “jouent gros en Irak”. D. Bouatta