Sans les identifier clairement, le chef de l'Etat a dit qu'il s'agit “d'affairistes et de partisans du statu quo que son projet dérange”. S'il n'a pas clairement identifié ces parties au pouvoir qui s'opposent à son projet, ce n'est pas le cas des autres parties en dehors du pouvoir qu'il n'a pas hésité à énumérer. Pour la première fois, Abdelaziz Bouteflika a reconnu officiellement une opposition à son projet de réconciliation nationale au sein même du pouvoir. “Il n'y a pas que deux partis qui sont contre la réconciliation, mais plusieurs. Il en existe au sein même du pouvoir”, a-t-il clamé, hier à Béchar, lors d'un meeting populaire. S'il n'a pas clairement identifié ces parties au pouvoir qui s'opposent à son projet, ce n'est pas le cas des autres parties en dehors du pouvoir qu'il n'a pas hésité à énumérer. “Il y a certains qui n'ont rien à voir avec la politique. Ce sont des affairistes, et la réconciliation dérange leur business. D'autres encore ayant peur préfèrent le statu quo. Chacune de ces parties nous ont complexifié la tâche”. Pour le président de la République/personname /, “la voie de la réconciliation nationale est difficile, ardue et longue”. Pour la deuxième fois, Abdelaziz Bouteflika a écarté d'un revers de la main toute amnistie générale. Pour le moment du moins. “Pour le moment, il n'y a pas de solution qui a pour nom amnistie générale. Les blessures ne sont pas encore pansées, quoique je sois confiant que si j'ai demandé au peuple algérien de voter pour l'amnistie générale, il le fera. Mais ce serait retourner en arrière et revivre les moments pénibles que nous avions vécus. Aucun algérien ne voudrait revivre ces années de braise. La charte pour la paix et la réconciliation est le maximum que peut donner quelqu'un de raisonnable.” “L'amnistie générale a besoin d'une assise politique, juridique et de mesures. Cette assisse ne peut être offerte que par un Etat de droit et non pas par des politiciens qui travaillent plus pour les étrangers que pour l'intérêt de leur pays”, explique-t-il encore. S'il a qualifié les adeptes de l'amnistie générale d'égoïstes qui veulent toujours plus, Bouteflika ne leur a pas moins conseillé la patience en attendant des jours meilleurs. Usant d'une terminologie médicale, Bouteflika a prescrit un traitement par doses successives. “Le premier vaccin c'est la concorde civile, le deuxième c'est la réconciliation nationale. Il viendra le temps où nous prodiguerons d'autres vaccins pour que la vie reprenne son cours normal”, a-t-il soutenu. C'est clair comme de l'eau de roche : le projet d'amnistie générale n'est pas définitivement écarté. À Béchar aussi, Bouteflika a écarté toute possibilité de pardonner aux terroristes ayant participé à des massacres collectifs, des poses de bombes dans un lieu public ou des viols. “Nous ne sommes pas des anges mais des humains. La loi seule peut traiter leur cas.” Le même pardon est refusé aux politiques du FIS. “Nous ne sommes pas des aventuriers pour offrir le pays au premier venu”, s'est-il exclamé. Sans le citer nommément, Abdelaziz Bouteflika a vilipendé Ali Benhadj qui a justifié l'assassinat des deux diplomates algériens à Bagdad. “Quel est cet algérien qui laissera son frère assassiner par des étrangers ?” s'est-il indigné. S'il s'est montré tout à fait disponible à prendre en charge tous les cas des victimes de la tragédie nationale, il a refusé toutefois de mettre sur un pied d'égalité celui qui a pris les armes pour défendre la République/personname / algérienne et celui qui les a prises pour détruire la même République. “Peut-être qu'il y a des dépassements sécuritaires, administratifs dans le pouvoir. Mais je ne suis pas un coupeur de têtes. Sachez que c'est le terrorisme qui fait disparaître les gens.” Abordant les origines de la crise qui serait une épreuve divine pour le peuple algérien, le chef de l'Etat a indiqué : “il y a certains qui se sont égarés dans le terrorisme. D'autres ont jeté de l'huile sur le feu avec leur plume et leurs déclarations en s'alliant aux forces et intérêts étrangers.” Pour ce qui est des problèmes socio-économiques, les algériens peuvent attendre. “L'Algérie avant tout. Nous devons d'abord recouvrer la paix et la sécurité. Après à travers des solutions aux problèmes des familles, des archs, des tribus, des douars… Mais tant que notre esprit est occupé par les grands problèmes, les gens ne doivent pas succomber à leur égoïsme.” Ce qui ne l'a pas empêché de promettre aux bécharis bien des merveilles. “Vous avez vu ce que nous avons réalisé durant le premier mandat ? Je réaliserai le double durant ce deuxième mandat.” Appelant les gens du sud à voter massivement pour la charte, Abdelaziz Bouteflika s'est écrié : “je veux une majorité écrasante qui ne saurait être remise en cause ni par l'ami ni par l'ennemi.”