Les prix du pétrole restaient sous pression hier dans un contexte de surabondance de l'offre mondiale mais surtout d'inquiétudes quant à l'impact du coronavirus sur les perspectives de la demande mondiale. Dans la matinée, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril valait 56,15 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 0,27% par rapport à la clôture de lundi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 0,51% à 51,17 dollars. Même si la Chine a enregistré, au cours des dernières 24 heures, son plus faible nombre de morts en près de trois semaines, le nombre quotidien de nouvelles contaminations est en revanche reparti à la hausse à 508 contre 409 la veille. En Europe, l'Italie, qui compte désormais sept morts, est devenue le premier pays européen à mettre en place un cordon sanitaire autour d'une dizaine de villes du Nord. Pour l'instant, les interrogations demeurent sur les conséquences économiques précises de ce fléau. Le Fonds monétaire international "a estimé la croissance chinoise à 5,6% cette année, soit 0,4 point de moins que l'estimation pré-épidémie", a signalé Tamas Varga, analyste pour PVM. Ce ralentissement chinois, en retour, "pourrait réduire la croissance économique mondiale de 0,1 point", a-t-il ajouté. Autre motif d'inquiétude, selon Eugen Weinberg, analyste pour Commerzbank, "des doutes apparaissent quant à la volonté de l'Opep+ de prolonger et d'étendre les réductions de production nécessaires". De son côté, l'Opep indique avoir encore des idées pour rééquilibrer les marchés pétroliers. S'exprimant hier lors d'une conférence de l'industrie dans la capitale saoudienne, le ministre saoudien de l'Energie, le prince Abdulaziz bin Salman, a déclaré que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés comme la Russie travaillent toujours bien ensemble et ont encore des options pour essayer de rééquilibrer les marchés mondiaux du brut. "Nous communiquons entre nous à chaque occasion", a-t-il indiqué, ajoutant que "le secrétaire général de l'Opep participe à cette conférence et nous venons de discuter. Nous n'avons pas manqué d'idées". Ces déclarations du ministre saoudien interviennent à une semaine de la réunion de l'Opep+ à Vienne pour évaluer leurs coupes mondiales et leur politique de production. Une réunion qui se tiendra au milieu de spéculations sur la question de savoir si le groupe accepterait de réduire davantage la production de pétrole. Tanvir Abid, un analyste d'investissement indépendant qui couvre la compagnie pétrolière d'Etat saoudienne Saudi Aramco, a soutenu, lundi, que l'Opep "ne peut pas et ne veut pas" réduire la production sans la coopération russe. L'indécision russe sur le sujet des coupes risque, ainsi, de plomber la prochaine réunion. Mais même si l'Opep+ a effectivement scellé une réduction de 600 000 barils par jour comme elle l'entend avec la coopération russe, la contribution du Kremlin au pacte pourrait être plus "illusoire" qu'autre chose, a écrit ce week-end le chroniqueur pétrolier de Bloomberg Julian Lee. Mais ce qui est plus important d'ici au jour de la réunion, c'est de savoir jusqu'où les prix du pétrole pourraient aller.