Alger a fait booster les prix du baril La baisse de la production de l'Opep et de ses alliés de près de 1,8 million de barils par jour, décidée le 10 décembre 2016, sera reconduite, le 25 mai, au moins jusqu'en mars 2018. L'Arabie saoudite et la Russie sortent l'artillerie lourde et annoncent la couleur. Les deux pays proposent que la baisse de la production de l'Opep et de ses alliés de près de 1,8 million de barils par jour, décidée le 10 décembre 2016, soit reconduite, le 25 mai, au moins jusqu'en mars 2018. Une résolution qui découle directement de l'accord d'Alger conclu le 28 septembre 2016 en marge du 15ème Forum international de l'Energie. Les deux premiers producteurs d'or noir qui pèsent plus de 20 millions de barils par jour, soit la consommation quotidienne des Etats-Unis, viennent de se prononcer pour une prolongation de cette mesure pour permettre au marché de se rééquilibrer, à terme, et aux cours de l'or noir qui ont piqué du nez ces dernières semaines de rebondir. Cette annonce, intervient après une rencontre à Pékin entre le ministre russe de l'Energie Alexandre Novak et son homologue saoudien Khaled Al-Faleh, et avant un sommet de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole qui doit se tenir le 25 mai prochain à Vienne. «Les deux ministres sont tombés d'accord sur la nécessité, afin de parvenir au but souhaité d'une stabilisation du marché, d'une prolongation des accords (de réduction de la production) pour neuf mois, jusqu'au 31 mars 2018», indiquent les deux hommes dans un communiqué commun. Riyadh et Moscou ont vraisemblablement redonné du punch aux prix du pétrole. Lundi aux environs de 11h15 à Alger ils ont bondi de près de 1,50 dollar à Londres. Hier vers 11h00 heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet valait 52,00 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, grignotant 18 cents supplémentaires par rapport à la clôture de lundi dernier. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour le contrat de juin gagnait lui aussi 18 cents pour se négocier à 49,03 dollars. Les cours de l'or noir donnent l'impression d'avoir intégré cette information aussi forte qu'inattendue, émise de la capitale chinoise par deux poids lourds du marché pétrolier. Leur ascension est-elle irréversible? Les experts ne se prononcent pas catégoriquement, mais il y a comme un souffle nouveau qui indique que la courbe pourrait s'inverser. Le baril serait en marche pour refaire une partie du terrain perdu. «Le marché a voté avec son portefeuille lundi quand l'Arabie saoudite et la Russie, les deux plus grands producteurs mondiaux, ont donné le signal le plus fort possible pour laisser entendre que les efforts actuels de limitation de la production seraient renouvelés au-delà de 2017», a estimé Tamas Varga, analyste chez PVM. «L'efficacité de cette décision dépendra en grande partie de la rapidité de la croissance de la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis», a fait remarquer de son côté Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix qui s'est référé au rapport mensuel de l'Agence internationale de l'Energie qui risque de tempérer la portée de l'annonce russo-saoudienne. «L'Agence internationale de l'Energie (dans son rapport mensuel, ndlr) a légèrement revu à la baisse la croissance de la demande, de 1,32 à 1,30 million de barils par jour, tandis que la croissance de la production hors Opep a été revue à la hausse, de 490.000 barils par jour à 600.000 barils par jour», a-t-il souligné. L'AIE reconnaît toutefois que le rééquilibrage du marché est en marche. «Les stocks mettent un certain temps à refléter l'offre plus faible alors que les volumes produits avant la mise en oeuvre des limitations de production par l'Opep et onze pays non-Opep continuent d'être absorbés par le marché», a expliqué l'AIE. Faut-il comprendre que le rebond des prix du pétrole n'est qu'une question de temps? Le bras énergétique des pays de l'Ocde ne le dit pas. Ce n'est pourtant pas exclu.