L'ancien policier Toufik Hassani a été condamné hier par le tribunal de Saïda à deux mois de prison avec sursis pour les chefs d'accusation d'attroupement non armé et incitation à attroupement. L'homme, qui avait pris part à la marche de solidarité de vendredi dernier en soutien aux hirakistes de Saïda interdits de manifester depuis plusieurs semaines, avait été jugé en comparution immédiate. Un autre hirakiste de cette wilaya de l'Ouest, prénommé Abdelkader, a également été jugé et relaxé dans le cadre du même procès. Depuis sa mise en liberté provisoire début janvier à l'occasion de l'élargissement de nombreux détenus du hirak, Toufik Hassani a pris part à de nombreuses marches et manifestations contre le pouvoir dans plusieurs wilayas du pays. Mi-janvier, il a été interpellé à Oran en compagnie du vice-président de la Laddh, Kaddour Chouicha, et a été présenté le lendemain devant le magistrat instructeur du tribunal correctionnel, qui, constatant l'inconsistance du dossier d'accusation, a décidé de remettre les deux hommes en liberté. Plus tard, il s'est rendu à Mostaganem pour manifester son soutien à Ibrahim Daoudji à l'occasion de son procès, de même qu'il a fait le déplacement à Tlemcen pour témoigner sa solidarité à Nour El-Houda Oggadi et à d'autres hirakistes. Toufik Hassani, qui a toujours appelé les Algériens à ne pas stigmatiser l'institution policière pour le comportement incorrect de certains représentants de l'ordre, a radicalement changé de discours, fin janvier, depuis la wilaya de Tiaret où, selon lui, il a été agressé par de nombreux policiers. "Jusqu'ici, j'avais la possibilité de demander ma réintégration dans la police parce que je n'ai pas encore été jugé. Mais après ce que je viens de vivre, il n'en est plus question !" a-t-il décidé dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux en relatant le "guet-apens tendu par des policiers dans une ruelle sombre". À sa sortie du tribunal de Saïda, hier après-midi, Toufik Hassani a été accueilli en héros par de nombreux hirakistes qui ont tenu à lui serrer la main en signe de reconnaissance. Toufik Hassani est connu pour avoir dénoncé, dans une lettre adressée à la communauté estudiantine, la répression policière qui avait frappé les étudiants d'Alger à l'occasion de la 33e marche. "Les Algériens sont libres, ils ont le droit de manifester pacifiquement", avait-il déclaré en janvier à Oran, à l'occasion de la "gaâda" politique de la place du 1er-Novembre, en encourageant les Algériens à ne pas céder à la peur.