Interpellés en début d'après-midi, mardi dernier, à Oran, le militant des droits de l'Homme, Kaddour Chouicha, et l'ancien policier, Toufik Hassani — qui avaient pris part à la marche des étudiants — ont été présentés, hier matin, devant le procureur de la République près le tribunal correctionnel de Cité Djamel pour répondre d'incitation à attroupement et trouble à l'ordre public, selon les avocats du collectif de défense du hirak. "Quand le magistrat a constaté que les accusations ne reposaient sur rien de concret, il a décidé de les relâcher et de classer le dossier", a expliqué Me Farid Khemisti après la libération des deux hommes. La nouvelle qui a été accueillie avec soulagement par la famille Chouicha mais également par de nombreux hirakistes venus apporter leur soutien à Kaddour et à Toufik Hassani, n'en a pas moins suscité des interrogations, légitimes au demeurant, sur les raisons qui ont motivé l'arrestation par des agents en civil et le "refus de la police" d'admettre que les deux hommes étaient retenus au siège de la sûreté de la wilaya. Dans les heures qui ont suivi l'interpellation, l'épouse et le fils Chouicha ont dénoncé, via plusieurs messages sur les réseaux sociaux, le refus des policiers d'admettre la présence des deux hommes dans les locaux du central, et de donner des informations sur Kaddour qui souffre de nombreuses maladies. Ce qui a poussé Mme Chouicha à parler de "kidnapping" et de "volonté de faire taire" un homme récemment remis en liberté provisoire en raison de son état de santé fragilisé par 28 jours d'incarcération. Comme la famille Chouicha, beaucoup dénoncent ce qu'ils qualifient d'"acharnement inacceptable" contre le vice-président de la Laddh, dont le procès en appel doit se tenir le 28 janvier prochain. Chouicha, pour information, n'en est pas à sa première interpellation. À sa sortie du tribunal, l'activiste a confirmé qu'aucune charge n'avait été retenue contre lui ni contre son compagnon du jour, Toufik Hassani, qui, lui, a rassuré sur les bonnes conditions de la garde à vue avant d'appeler les Algériens à continuer de s'exprimer. Pour rappel, Toufik Hassani a pris part, lundi après-midi, à la Gaâda politique de la place du 1er-Novembre, au cours de laquelle il a condamné la répression policière et exhorté les Algériens à ne pas céder à la peur et à continuer de lutter pour leur liberté. Par ailleurs, Hamani Benyahia, un jeune blogueur qui a, également, été interpellé à l'occasion de la marche des étudiants, devrait être présenté aujourd'hui devant le procureur de République.