Nour El-Houda Oggadi, Bouaziza, Khaldi et Sayeh ont écopé de six mois de prison dont un mois ferme, tandis que Khouani a été condamné à une année dont un mois ferme. Ayant purgé leurs peines, tous ont été libérés. Nour El-Houda Oggadi – dont le portrait n'a pas quitté les marches des mardis et vendredis depuis son placement sous mandat de dépôt à Tlemcen en décembre 2019 – et les hirakistes Abdelkader Belarbi, Mohamed Khouani, Abdelhadi Bouaziza, Taha Khaldi et Issam Sayeh, ont retrouvé la liberté, jeudi après-midi, après que le tribunal correctionnel près la Cour de Tlemcen les a condamnés à des peines de prison. Mlle Oggadi, MM. Bouaziza, Khaldi et Sayeh ont écopé de six mois de prison dont un mois ferme tandis que Khouani a été condamné à une année dont un mois ferme. La représentante du parquet avait requis une peine de 12 mois de prison ferme pour l'ensemble des accusés qu'elle considérait coupables des faits qui leur étaient reprochés, à savoir attroupement non armé, incitation à attroupement et outrage et violences à fonctionnaires et à institutions de l'Etat. Bien que le procès ait été brusquement "avancé" — un fait inédit dans les annales de la justice algérienne — au jeudi 13 février alors qu'il était programmé pour le 25 du même mois, une vingtaine d'avocats, des hirakistes d'Oran, de Tizi Ouzou, de Sidi Bel-Abbès, de Mostaganem ainsi que d'anciens détenus sont venus d'autres wilayas pour assister au procès. "Nous avions prévu de venir en nombre le 25 février, mais l'annonce du changement de date nous a quelque peu perturbés et certains n'ont pas pu faire le déplacement", a regretté l'icône de la révolution, Samira Messouci, qui considère que ce voyage est un devoir. "Je n'avais pas le droit de ne pas venir", a-t-elle indiqué, elle qui a purgé une peine de six mois pour avoir porté l'emblème amazigh. De son côté, Ammi Hamid, un cycliste sexagénaire qui a fait le tour d'Algérie, a estimé qu'apporter son soutien aux hirakistes est un devoir national. L'homme a fait le déplacement depuis Mascara où il est retourné pour prendre part à la marche de solidarité du vendredi. Dans une salle d'audience archicomble, sous la surveillance de policiers et de gendarmes, les accusés ont tous rejeté les accusations portées contre eux, sans toutefois renier leur appartenance au hirak et leur totale adhésion aux revendications formulées depuis le 22 février. "Dès que je serai libérée, je rejoindrai la contestation", a notamment déclaré Nour El-Houda Oggadi. Autre figure de la contestation de Tlemcen, Mohamed Khouani, ingénieur de son état, s'est autorisé un laïus, très applaudi, dans lequel il a notamment dénoncé la mainmise du pouvoir exécutif sur l'appareil judiciaire, les dépassements de certains éléments de la police qui frappent, insultent et humilient des citoyens pacifiques. Les avocats de la défense ont tous plaidé la relaxe pour "des citoyens respectables, instruits et portant l'Algérie dans leur cœur", innocents des faits qui leur sont reprochés, mais ont également fait le procès de l'appareil judiciaire qui reste aux mains du pouvoir exécutif et de magistrats qui n'osent pas se rebeller contre les instructions de la tutelle afin de rejoindre le mouvement de libération de la justice. "Les magistrats doivent se libérer de leurs chaînes pour permettre à la justice d'arracher son indépendance", a notamment affirmé Me Abdelghani Badi en citant l'exemple de M. Behadi, ex-procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed, qui a osé "requérir" la relaxe des accusés. Pendant toute la durée du procès, un rassemblement de soutien aux hirakistes n'a pas cessé de scander des slogans appelant à la libération des détenus. Parmi les présents, l'on a pu noter la présence de Kaddour Chouicha, dont le procès en appel doit se dérouler dans les prochains jours, et celle d'Ibrahim Daouadji, figure du hirak de Mostaganem, récemment libéré de prison.