Nour El-Houda Oggadi, figure féminine du hirak emprisonnée à Tlemcen depuis décembre dernier, n'a pas bénéficié de la liberté provisoire à l'occasion de sa présentation, hier matin, devant le juge d'instruction. Après l'avoir écoutée sur le fond du dossier, le magistrat a décidé du maintien en détention de l'étudiante, au grand désespoir des proches et des hirakistes qui avaient organisé un rassemblement de solidarité avec l'espoir affiché de voir Nour El-Houda rentrer chez elle. La jeune femme est poursuivie pour atteinte à l'unité nationale, atteinte à corps constitués et au moral des troupes en raison de ses publications sur les réseaux sociaux. Etudiante en sciences sociales, Nour El-Houda Oggadi avait été convoquée par les services de la cybercriminalité de Tlemcen, le 17 décembre 2019, et placée en garde à vue avant d'être présentée, deux jours plus tard, devant le juge d'instruction qui a prononcé sa mise sous mandat de dépôt, ce qui aurait, selon des témoins oculaires, provoqué un malaise chez la jeune étudiante. Les avocats de la défense ont fait appel du mandat de dépôt mais la chambre d'accusation a confirmé la décision du magistrat instructeur. Depuis, Nour El-Houda Oggadi a rejoint le cercle restreint des femmes qui ont été emprisonnées pour s'être élevées contre le pouvoir et, comme Nour El-Houda Dahmani ou Samira Messoussi, elle bénéficie désormais du soutien indéfectible du hirak. Son portrait est ainsi brandi chaque mardi et vendredi par les manifestants qui exigent sa libération immédiate et de nombreux avocats se sont constitués — ou sont sur le point de le faire — pour assurer sa défense lors de son procès. La décision du juge d'instruction de maintenir Mlle Oggadi en prison a suscité une large condamnation sur les réseaux sociaux d'internautes qui dénoncent un "acharnement judiciaire" sur les hirakistes et "une volonté de tuer" la révolution du 22 févier 2019.